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L’évêque possédait, dans la ville de Saint-Brieuc, tout ce qui n’appartenait pas au chapitre et de plus il était seigneur suzerain des paroisses de Saint-Michel, de Ploufragan, de Trégueux, de Langueux et de la plus grande partie de Cesson. Ce territoire avait reçu le nom de Turnegouet, parce qu’il était compris entre les rivières d’Urne et de Gouët, et de Regaires, parce qu’on désignait ainsi les concessions faites aux églises par les rois[1]. À ce fief se rattachaient, dans des paroisses plus éloignées, les membres d’Hénanbihen et de Bréhand-Moncontour. Ce dernier fut aliéné en 1607.

L’évêque recevait l’aveu et l’hommage de ses vassaux qui lui rendaient certains devoirs, lui payaient des rentes en argent et en nature, et se soumettaient à sa juridiction. Ses revenus variaient de 11,000 à 18,000 livres. Ses principaux vassaux laïques étaient les seigneurs de l’Epine-Guen et du Boisboissel.

Le seigneur de Boisboissel, prévôt et écuyer de l’évêque, avait un manoir, non loin de la fontaine de Saint-Brieuc, dans la paroisse de Saint-Michel, avec de nombreuses prérogatives[2]. Nous savons qu’il possédait aussi en ville, depuis la fin du xvie siècle, un hôtel appelé Quincancrogne. Dans ce vassal, les auteurs des Anciens Évêchés ont vu le successeur de ce Rigwal qui avait accueilli et aidé saint Brieuc, de même qu’ils ont cru retrouver dans le seigneur de l’Epine-Guen le représentant de Fracan. Si cette thèse était vraie, les rôles auraient été singulièrement intervertis, puisque les anciens protecteurs seraient devenus des protégés. Le seigneur de Boisboissel, en effet, n’était, en qualité de prévôt de l’évêque, que son premier officier dans la Cour des Regaires, où il avait des devoirs assez pénibles à remplir. Il était tenu, d’après l’aveu de 1690, aussitôt que des criminels étaient condamnés à mort, « de

  1. Regalia, id est, prædia ecclesiis a regibas olim concessa. (Dictionnaire de Ducange).
  2. La terre de Boisboissel a été possédée très anciennement par la famille de Bois-Bouessel ; de la fin du xive siècle à celle du xvie, par celle du Rouvre ; de 1583 à 1774, par les Bréhand ; enfin, par les Maillé.