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certains droits, tels que celui de pourvoir aux offices de roi des poissonniers et de roi des boulangers.

Le roi des poissonniers, institué le lundi de Pâques par les officiers de l’évêque, était chargé de surveiller la vente du poisson. Les poissonniers étaient obligés, il est vrai, sous peine de confiscation et d’amende, de porter leur poisson au palais épiscopal avant de l’exposer en vente, mais ils étaient libres de l’emporter, quand le prix offert ne leur convenait pas ; et, comme il arrivait souvent dans ces temps, une cérémonie joyeuse adoucissait la rigueur de l’obligation : les poissonniers, qui avaient vendu pendant le carême, devaient se trouver, ce même lundi de Pâques, sur la place du Pilori, à cheval, une gaule à la main, avec un bouquet de fleurs printanières au bout, pour rompre les Quintaines[1] et assister ensuite à l’installation du nouveau roi.

Le roi des boulangers, établi dans les mêmes formes que celui des poissonniers, avait pour mission de comparaître à l’audience des Regaires, le vendredi de chaque semaine, pour faire son rapport sur le prix des blés, afin d’établir les apprécis.

L’évêque avait, en tant que seigneur, un si grand nombre de droits qu’il serait impossible d’en donner le détail. Nous ne citerons plus que : le droit de mesurage, ou règlement des mesures de capacité et d’aunage ; le droit de coutume, qu’on levait sur la vente des bestiaux et des

  1. L’exercice de la Quintaine variait suivant les localités et, même dans chaque localité, suivant l’époque. Dans l’aveu de 1690, il n’est question que des gaules que les poissonniers étaient obligés « de casser à course de cheval contre une planche élevée debout sur ledit Pilory. » Au siècle suivant, voici comment un auteur contemporain décrit le jeu de la Quintaine, à Saint-Brieuc : « Il consiste à frapper si adroitement la figure d’un homme armé qu’on puisse éviter le coup qu’on en recevrait soi-même, si on ne le frappait pas comme il le faut. Cette figure est posée sur un poteau et tourne sur un pivot, de sorte que celui qui ne la frappe pas au milieu de la poitrine, mais aux extrémités, la fait tourner, et, comme elle tient de la main droite un bâton ou une épée, et de la gauche un bouclier, elle frappe celui qui a mal porté son coup. » (Dictionnaire d’Ogée). Le nom de Quintaine, devenu par corruption Quinquaine, a été donné à l’une de nos rues, qui le porte encore.