Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/142

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perdit un grand nombre de ses familles nobles. Aux Budes du Tertre-Jouan succédèrent par mariage les Le Borgne et à ceux-ci, les Du Harlay, que leur haute position tint éloignés de la Bretagne. — À Cesson, les Moro acquirent la Ville-Bougault ; la terre des Villes-Doré vit dans Amaury Eder, frère de La Fontenelle, le dernier de son nom. L’héritière des Eder porta cette terre par mariage aux Bernard de Lisle-Aval, qui la vendirent aux La Rivière. — En Langueux, la famille Berthelot garda par exception, pendant plus de deux siècles, la terre de Saint-Ilan, qu’elle agrandit beaucoup, parce qu’elle aimait à y résider. — Les Collet et les Gendrot habitèrent Plérin et Saint-Brieuc.

Ce que la noblesse perdait en influence territoriale, la bourgeoisie l’acquérait, car elle possédait non seulement des biens roturiers, mais un grand nombre de fiefs nobles ; aussi tout bourgeois ajoutait-il à son nom celui du manoir ou de la ferme qui lui appartenait, sous cette forme : Bagot, sieur de Prévallon ; Compadre, sieur des Alleux, etc., ce qui n’impliquait nullement la noblesse. Les usurpations qui avaient eu lieu dans ce genre, furent même réprimées dans une réformation de la noblesse, ordonnée par Colbert, de 1667 à 1671. Pour ne citer que quelques exemples, Mathurin Compadre, Jean James, Vincent Josse, Charles Landays y furent déboutés de leurs prétentions et durent payer, chacun, 100 livres d’amende ; Charles Favigot, sieur du Clos, fut condamné à 400 livres. Cette réformation servit les intérêts du fisc, en même temps que ceux des nobles.

À Saint-Brieuc, la bourgeoisie occupait une assez large place, parce qu’elle était riche et qu’elle restait fidèle au pays natal. Pendant la plus grande partie du xviie siècle, elle rendit de grands services dans l’administration de la cité. Ce n’est qu’à la fin que son zèle s’affaiblit, quand elle tomba tout à fait dans la dépendance du pouvoir central. Nous avons suffisamment indiqué quelle fut alors la situation des chefs de la bourgeoisie, en parlant du syndic et du maire et de la vénalité des charges municipales ; mais nous savons aussi que la communauté de ville racheta