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M. de Montclus contribua beaucoup aussi à la prospérité du collège, en lui donnant, en 1731, un bon règlement ; en 1733, un zélé principal, M. Chouesmel, et, en 1737, une forte somme pour la reconstruction des bâtiments, une forte somme pour la reconstruction des bâtiments, puisque, dans le procès-verbal de pose de la première pierre, les délégués de la communauté de ville proclamèrent la munificence du prélat et la reconnaissance des habitants.

Ces deux évêques eurent aussi l’honneur de présider les États à Saint-Brieuc : M. de La Vieuxville, en 1724 et en 1726 ; M. de Montclus, en 1730. Dans aucune de ces sessions, il n’y eut d’événement remarquable. La Bretagne se ressentait encore du dur traitement qu’on lui avait fait subir à la suite de la conspiration dite de Pontcallec. Il n’y avait plus de résistance à main armée, mais une irritation qui se manifestait à propos des prérogatives de la noblesse ou de questions d’étiquette qu’on débattait avec les commissaires du roi.

En 1730, les sentiments de la noblesse éclatèrent dans une affaire d’honneur qui intéressait le corps tout entier. Un noble provençal, M. de Sabran, qui accompagnait sa tante, la maréchale d’Estrées, était arrivé de Versailles en se vantant de mettre à la raison les Bretons et de rapporter une demi-douzaine d’oreilles des plus récalcitrants. Dans la soirée du 26 novembre, à une table de jeu, il effleura de sa manche, sans s’excuser, la joue de M. de Keratry qui, quoique très doux de caractère, n’était pas homme à supporter un affront. On se battit, le soir même, derrière l’enclos des Cordeliers, les domestiques tenant des flambeaux, un nombre considérable de gentilshommes et de bourgeois formant le champ clos. « C’était une scène imposante, dit M. de Keratry le fils, racontant ce combat. Pour tous, dans le noble provençal se personnifiait l’orgueil d’un homme de cour, jaloux d’humilier toute une province ; dans mon père on voyait le pays lui-même combattant pour son honneur et son caractère outragés. » Le courtisan fut tué par le gentilhomme breton ; mais celui-ci, suivant la rigueur de l’édit contre les duels, fut condamné à la