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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/165

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avait conclu en ces termes : « Le port et havre du Légué près Saint-Brieuc est non-seulement utile aux habitants de ladite ville, mais encore à Quintin, Uzel, Moncontour, Lamballe et Châtelaudren, qui y font aborder leurs provisions et embarquer leurs grains et toiles, évitant Saint-Malo. » À la suite de ce rapport, quelques travaux avaient été exécutés aux frais de la ville et des États. Ceux-ci avaient donné, en 1752, 25,000 livres. On rendit le Chemin-Neuf praticable aux voitures et on employa les déblais à commencer une levée sur la rive gauche. En 1758, MM. Chocat de Grandmaison, ingénieur en chef à Rennes, et Magin, ingénieur de la marine, firent le plan du quai de la rive gauche, avec cales aux extrémités. C’est pour aider à l’exécution de ce projet que les États accordèrent 20,000 livres. La communauté pria le duc d’Aiguillon et l’évêque de poser, en 1759, la première pierre du quai, qui fut nommé quai d’Aiguillon. On y plaça une longue et emphatique inscription, contenant ces mots : « Exstructa moles, maritimi commercii præsidium, Briocensis portûs tutamen et ornamentum.» Comme on le voit, il est question, non du port du Légué, mais de celui de Saint-Brieuc. Ce quai et quelques autres moindres travaux exigèrent dix ans et coûtèrent 68,000 livres. Ils furent exécutés en pleine guerre de Sept ans, en même temps que le pavé de la ville, dont la première pierre fut également posée par le duc d’Aiguillon, le 12 juillet 1760, et cependant, l’année précédente, les habitants avaient supporté, outre les fouages et la capitation, 3 vingtièmes[1], représentant le sixième

  1. L’impôt du vingtième, établi par un édit de mai 1749, frappait « tous les droits et biens, de quelque espèce et nature qu’ils soient, affermés ou non, et les maisons louées ou non, eu égard au revenu, et en ce qui concerne les forges, étangs et moulins, sur le pied des trois quarts du revenu ; les rentes perpétuelles, viagères et constituées ; les deniers d’octroi et revenus patrimoniaux des villes et communautés ; les produits et revenus des commerçants. » Le vingtième était dû par les propriétaires laïques, privilégiés ou non. Le clergé seul en était exempt, parce qu’il payait des décimes ordinaires et extraordinaires. Les États de Bretagne n’en obtinrent l’abonnement qu’en 1757, à 1,200,000 livres d’abord, et comme ils eurent toujours à payer un vingtième et même, à partir de 1756, deux et quelquefois trois vingtièmes, c’était une somme de 3 à 4 millions que cet impôt leur enlevait, chaque année.