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du revenu, puisque 100 livres de rente payaient de ce chef 16 livres 10 sous.

La guerre de Sept ans fut suivie de luttes très vives, dans toute la France, entre le pouvoir royal et les Parlements. En Bretagne, la lutte était devenue personnelle entre le duc d’Aiguillon et le procureur-général La Chalotais, qui fut mis en prison. Le Parlement de Rennes fut aussi traité avec une grande rigueur. C’est le souvenir de cette lutte qui a rendu le duc d’Aiguillon impopulaire en Bretagne, bien qu’il y ait donné la plus vive impulsion aux travaux des grands chemins. Les États ne pouvaient manquer de soutenir le Parlement. Quand il s’agissait de défendre les libertés de la province, les trois ordres faisaient toujours cause commune contre la cour. On le vit bien dans les deux sessions que les États tinrent à Saint-Brieuc en 1768.

M. Bareau de Girac (1766-1769) y présida en qualité d’évêque diocésain. La session extraordinaire s’ouvrit le 18 février et vit affirmer le droit, pour le Tiers, d’élire librement ses députés, contrairement à l’arrêt du conseil du 11 juin 1763, et pour les États, de faire leur règlement. Joignant les actes aux paroles, ils en votèrent plusieurs chapitres ; mais les commissaires firent enregistrer, par ordre du roi, quelques articles contestés et enjoignirent aux présidents des trois ordres de signer le registre.

Ce coup d’autorité produisit dans toute la province une effervescence qui se traduisit par la présence aux États ordinaires du 12 décembre, de 8 évêques, de 11 abbés, des députés de 9 chapitres, de 552 gentilshommes et des députés de 39 villes. Le duc de Duras y représentait le roi et le gouverneur. De nombreux griefs lui furent exposés. En 1766, le clergé et le tiers-état avaient seuls voté le secours extraordinaire et le roi avait ratifié ce vote. La noblesse, voyant avec peine qu’on se fût passé de son concours, l’offrit à certaines conditions et obtint le retrait de l’ordre du roi. L’accord ainsi rétabli, les États attaquèrent un arrêt du conseil qui avait enlevé le droit de siéger aux cadets nobles non mariés et en général aux