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interruption, par M. Poulain de Corbion, qui était aussi député aux États de Bretagne, commissaire des États pour l’évêché de Saint-Brieuc et commandant de la milice bourgeoise, réorganisée en 1779[1]. Dans toutes ces fonctions, il fit preuve d’activité et de désintéressement.

Le 24 juin 1780, un corsaire de Saint-Malo, L’Enjôleur, de 28 canons, soutint contre deux frégates anglaises de 40 canons, à la hauteur de Roselier, un brillant combat à la suite duquel il fut obligé de s’échouer dans la baie des Rosais. Les frégates ennemies avaient déjà jeté l’ancre et se préparaient à faire une descente ; mais la milice bourgeoise accourut au secours du corsaire avec un zèle qui fut couronné de succès et qui lui valut, ainsi qu’au maire, les félicitations du roi.

C’est à cette époque que commença la revendication des libertés municipales par les États. À la suite des lettres-patentes de 1780 qui bouleversaient l’administration de la ville de Rennes, les États proclamèrent avec énergie « que ces lettres-patentes, en détruisant le droit de la commune, portaient atteinte à la constitution des États ; que la première qualité, la seule qui puisse imprimer le véritable caractère de représentant, est le libre choix de ceux qu’on représente. » Par tous ces motifs, les États priaient le roi de rétablir les communes de Bretagne dans l’exercice de leurs droits. Avec une bonne volonté dont il faut lui savoir gré, Louis XVI déclara qu’il voulait réformer l’administration des villes de Bretagne, mais l’exécution de

  1. Cette milice avait à sa tête un commandant, un major, un aide-major. Elle comprenait sept compagnies, dont chacune avait deux capitaines, deux lieutenants et un enseigne. La communauté nommait les officiers et le gouverneur de la province les confirmait. En 1785, le gouverneur accepta tous les sujets proposés, « à l’exception des sieurs Bagot et Legal fils qu’il ne juge pas convenable d’admettre quant à présent aux places d’officiers de la milice, parce qu’ils n’ont que 6 et 9 ans. » — En dehors de la milice sédentaire on distinguait toujours la milice mobile, recrutée par la voie du tirage au sort, mais appelée seulement en temps de guerre, et la milice des gardes-côtes, dont un certain nombre faisaient un service régulier. C’étaient les compagnies détachées, qui furent remplacées, en 1778, par les canonniers gardes-côtes. Ceux-ci formaient, en Bretagne, 20 divisions, ayant un effectif de 5,000 hommes. Saint-Brieuc était le chef-lieu d’une division.