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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/174

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États de Bretagne, trouvant leurs libertés menacées par cette oppression de la justice, prirent en main la cause du Parlement. Douze députés envoyés à Paris, le 20 juin, pour y réclamer « de la justice de sa Majesté et de la bonté de son cœur le redressement des griefs et doléances de la province », furent mis à la Bastille ; mais une nouvelle députation de 53 membres prit leur place, avec l’ordre de ne céder qu’à la force. Admise en présence du roi, elle obtint la liberté des détenus. Les députés bretons furent les héros du jour. Ils eurent, le 23 septembre, les honneurs d’une séance solennelle au Parlement de Paris et, quand ils parurent sur les degrés du palais, la foule les reçut au milieu des applaudissements et des cris : « Bravo les Bretons ! chapeau bas pour la députation de Bretagne ! » En prenant une attitude énergique contre le pouvoir absolu, qu’avaient voulu les États ? Maintenir leurs anciennes libertés, sans songer à les développer ; mais, tout en protestant de sa fidélité au roi, la plus dévouée des provinces se trouvait, par le fait des circonstances, à la tête de la révolution.

Le mouvement donné par les États s’était répandu dans toute la province. La commission intermédiaire de l’évêché de Saint-Brieuc, dans laquelle siégeait le maire Poulain de Corbion, avait arrêté à l’unanimité d’envoyer aux députés en cour « un témoignage d’adhésion à leurs démarches et à leurs efforts, et de les charger particulièrement d’exprimer la consternation profonde et l’accablement général où la province est plongée à la suite des violences et des malheurs qu’elle a éprouvés. »

De son côté, la communauté de Saint-Brieuc et des citoyens de tous les ordres et de toutes les classes, admis au sein de la commission, avaient joint leurs réclamations à la sienne et une adresse dans ce sens avait été couverte de nombreuses signatures : 17, pour le clergé ; 207, pour la noblesse ; 199, pour le tiers. Ce fut un spectacle imposant que celui d’un pareil cortège traversant les rues de Saint-Brieuc pour se rendre à la séance de la commission, car il y avait ce jour là un accord parfait dans une pensée généreuse. Quand on apprit que le Parlement de Rennes