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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/175

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venait de reprendre ses fonctions, la communauté de Saint-Brieuc lui écrivit, le 11 octobre, pour le féliciter : « L’assemblée unit sa voix, disait-elle en finissant, à celle des autres ordres pour bénir les pères de la patrie. Âmes nobles et généreuses, dépositaires fidèles de la loi, oui, son existence dépend de votre conservation, oui, la patrie vous doit son salut. Vous réunissez son amour à la gloire d’avoir bien mérité d’elle. Veuillez bien agréer cette expression fidèle des sentiments de l’assemblée. »

Jusqu’alors en Bretagne les États et le Parlement avaient été les gardiens respectés des anciennes institutions ; mais il venait des autres provinces de France un souffle plus ardent qui pénétra rapidement le tiers-état et les corps municipaux. Dès le 17 novembre, M. Dubois de Bosjouan, procureur-syndic de la communauté de Saint-Brieuc, proposa de mettre sous les yeux du roi, dans la prochaine assemblée des notables, un ensemble de propositions qui s’écartaient sensiblement de l’ancienne constitution. Il demandait notamment que le clergé secondaire comprit, pour la moitié, des curés de ville et des recteurs de campagne ; que les députés du tiers fussent aussi nombreux que ceux des autres ordres réunis et choisis parmi les propriétaires, en dehors des juges et des financiers ; que le vote eût lieu par tête et non par ordre ; que les impôts fussent répartis en proportion de la fortune. Le sénéchal royal, M. Palasne de Champeaux, l’un des promoteurs du mouvement à Saint-Brieuc, demanda officiellement l’entrée au conseil et déposa une requête pour réclamer des réformes, tandis que les juges des Regaires faisaient enregistrer leurs réserves et leurs protestations. La communauté ne se prononça pas immédiatement sur la partie des conclusions de son syndic relative au vote par tête, mais elle admit que le clergé et le tiers fussent plus équitablement et plus largement représentés.

Bientôt la question capitale du vote fut posée de nouveau, au sujet de l’élection d’un député aux États de Bretagne. Le sieur Lesage fut élu et reçut, le 24 novembre, des instructions conformes à la délibération précédente ;