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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/220

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saient la loi de quelques exaltés, qui s’arrogeaient, sans mandat, un droit de surveillance que personne n’osait leur contester. Un rapport adressé à cette époque par les représentants Billaud-Varennes et Sevestre à la Convention, caractérise assez bien l’attitude effacée des habitants : « À Saint-Brieuc, y est-il dit, les membres des autorités constituées forment presque seuls ceux de la Société populaire, et leur attachement à leur premier devoir, celui de bien remplir leurs fonctions, rend les séances de la Société extrêmement rares ; aussi le peuple y paraît-il avoir beaucoup de penchant à la superstition ».

Ces représentants étaient venus après quelques autres, dans le mois d’avril, accélérer la levée prescrite par le décret du 24 février et surtout terroriser le pays. L’affaire de La Guyomarais, près de Lamballe, la prise d’armes des communes de Meslin, de Pommeret et de Bréhand, sous la direction de Boishardy, avaient jeté l’alarme parmi les républicains. Craignant une invasion des campagnes voisines, le conseil de la commune avait arrêté de placer des sentinelles aux entrées de la ville, de forcer tous les citoyens à illuminer leurs maisons pendant la nuit, et de vendre onze cloches pour acheter des canons. Les délégués de la Convention profitèrent de ces mouvements et de ces craintes pour faire expulser et déporter les prêtres insermentés, arrêter les parents de ces prêtres et des émigrés, et même exécuter six malheureux paysans, emprisonnés six mois auparavant, à l’occasion des troubles qui avaient suivi la conscription à Lannion et à Pontrieux. Enchérissant de zèle dans cette triste affaire, le directoire du département « considérant qu’un exemple éclatant de justice est capable d’effrayer les rebelles et d’éclairer les hommes faibles », invita le tribunal criminel à ordonner que les six condamnés fussent exécutés dans différents districts. L’un d’eux le fut à Saint-Brieuc, le 23 mars, et on eut soin de faire assister à son supplice les officiers municipaux de la commune de Pommeret, qui avaient résisté au recrutement, et plusieurs pères de famille « qui n’avaient pas voulu découvrir la retraite de leurs enfants ».