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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/221

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À peine les représentants du peuple avaient-ils quitté Saint-Brieuc que la ville de Nantes, menacée par les Vendéens, demandait du secours. On y envoya d’abord le 3e bataillon des Côtes-du-Nord, dit des fédérés, commandant Marnet. Ce bataillon se distingua tout particulièrement aux combats livrés devant Nantes, du 20 au 29 juin, et reçut, à cette occasion, de la commune de Nantes, un témoignage public de reconnaissance. Son retour à Saint-Brieuc, le 27 juillet, provoqua une chaleureuse manifestation.

Pendant l’absence des fédérés, le conseil de la commune, délivré des délégués de la Convention, avait pris quelques mesures plus humaines. Voulant, disait-il, se borner « aux précautions strictement nécessaires », il avait remis les nobles en liberté dans la ville, à charge de se présenter à la première réquisition, et il avait même bientôt supprimé toute surveillance. Un comité de salut public, créé par ordre pour recevoir les déclarations des étrangers, ne fut guère nommé que pour la forme. C’est que l’administration départementale et communale s’associait à la résistance qu’organisaient en Normandie les Girondins proscrits par la Convention. Le département envoya même 72 citoyens, dits incorruptibles, pour protéger la Convention et leur confia la bannière des fédérés de 1790 ; mais le mouvement girondin avorta et les incorruptibles furent arrêtés à Dol. On s’empressa de les rappeler. Tout ce que purent faire les chefs survivants des Girondins, ce fut de traverser les Côtes-du-Nord par Jugon, Moncontour, Uzel et Rostrenen, et de gagner le Finistère qui leur avait offert un asile.

Les administrateurs des Côtes-du-Nord s’étant compromis, en juillet, avec les Girondins, le mois d’août vit une triste reculade. Il fallut se faire défendre auprès de Robespierre, désavouer le fédéralisme et prêter un nouveau serment dans la fête civique du 14 août. Le maire dut même, à cette occasion, prononcer, devant l’autel de la Patrie, un discours à la suite duquel on brûla solennellement le drapeau reçu de la ville de Paris, le 14 juillet 1790.