Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/222

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L’intervalle qui s’écoula depuis ce moment jusqu’à la chute de Robespierre vit régner la Terreur à Saint-Brieuc. Était-ce à cause du manque d’armes et de canons, à cause de la levée en masse et de la marche des Vendéens qui, vainqueurs à Laval et à Pontorson, menaçaient Dinan ? Non. Si la Convention ne donnait point d’armes, on en fabriquait dans les caves de l’hôtel de Beauvoir ; si elle retirait ses troupes, on n’en expédiait pas moins tous les hommes disponibles à l’incapable Tribout, qui commandait à Dinan. La vraie cause de la Terreur, c’était Carrier, l’infâme proconsul dont quelques misérables hâtaient la venue en lui écrivant « qu’on l’attendait avec impatience pour effectuer un mouvement salutaire. » Carrier ne vint pas, mais il fut remplacé dans les Côtes-du-Nord par un agent digne de lui, Le Carpentier, et à Saint-Brieuc, par un nouveau comité de salut public. Carrier avait chargé ce comité de procéder directement à l’arrestation des suspects. Quelques arrestations ayant eu lieu sans l’ordre de la commune, celle-ci s’émut et fit mander à sa barre le commandant de la force armée, le général Thevet-Lesser. Le général exhiba l’ordre du comité et le conseil de la commune s’inclina. D’ailleurs, les pouvoirs élus, si profondément abaissés, disparurent bientôt. Le décret du 14 frimaire an ii (4 décembre 1793), qui proclamait le gouvernement provisoire et révolutionnaire, supprima ou réorganisa les conseils et donna en réalité toute l’autorité au comité de salut public et aux agents nationaux. On gouvernait alors à l’aide des réquisitions, de la loi du maximum et des exécutions. Il y avait des prisons un peu partout : au séminaire, au couvent des capucins et dans plusieurs maisons particulières. Un jeune clerc du diocèse de Tréguier, M. Kerambrun, fut exécuté à Saint-Brieuc le 9 décembre 1793, par jugement du tribunal criminel qui fît, en 1794, 15 autres victimes.

C’est aussi à la fin de 1793 que 24 membres de la Société populaire des sans-culottes se constituèrent en comité régénérateur et épuratoire de ladite société, avec mission de