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et on emmagasina la guillotine. L’argent de la réaction dans les Côtes-du-Nord fut d’abord le représentant Boursault, ancien comédien et ancien jacobin. Le 28 frimaire an iii (18 décembre 1794), il épura et réorganisa les autorités constituées, en conservant le gouvernement révolutionnaire. Le 30 frimaire, les fonctionnaires furent problamés dans le temple de l’Être suprême. On leur fit un devoir d’accepter. Ainsi furent nommés : maire, le citoyen Dubois Saint-Sévrin, et officiers municipaux, les citoyens Lorin, Deschamps-Oisel, Langlois, Gautier, Poulain père, Limon, Deschiens et Viel.

1795 (an iii et an iv). — L’année 1795, jusqu’à la fin de la Convention, fut encore marquée par la misère et la guerre civile.

La détresse, augmentée par une mauvaise récolte, était si grande que la municipalité écrivait à la Convention : « les assignats sont absolument discrédités : ils perdent 90 pour 100. Les propriétaires des denrées refusent publiquement de les vendre en assignats. La police est paralysée pour faire exécuter les lois à cet égard. La livre de viande est à 3 livres, celle du pain est à 26 sous et le boisseau de froment, du poids de 39 livres, s’est vendu aujourd’hui jusqu’à 42 livres. Les marchés ne sont point approvisionnés ; les réquisitions ne s’exécutent en aucun endroit, pas même dans les villages de la commune. » La municipalité, s’autorisant de cette triste position, demandait inutilement à la Convention, « en forme de secours, une somme de 300,000 livres, seul moyen de pouvoir diminuer le prix du pain. » Le président de la Société populaire confirmait la vérité de ces faits dans une lettre à la commission des secours publics : « Les denrées ont sextuplé de prix à Port-Brieuc depuis l’abolition du maximum. Le quart de froment se vend 125 livres ; la livre de viande, 3 livres ; celle de beurre, 4 livres ; de chandelle, 8 livres ; la barrique de cidre, 200 livres ; la barrique de vin, 1,000 livres. « On proposait aux habitants des communes voisines d’échanger une livre un quart de savon pour un boisseau de froment.