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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/234

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citoyens l’amour de la patrie et l’esprit de républicanisme qui doit animer tous les amis de la Révolution. »

La note officielle fut plus accentuée dans la fête anniversaire de l’exécution de Louis XVI, où chaque citoyen fut appelé « à prononcer individuellement, devant l’autel de l’Éternel qui lit dans les cœurs et punit les parjures : Je déclare que je suis sincèrement attaché à la République, que je voue une haine éternelle à la royauté. »

Le même caractère se retrouva dans la fête de la Liberté. On la célébrait en messidor et en thermidor, pour rappeler les souvenirs de la prise de la Bastille, de la première fédération et de la chute de Robespierre. La première année, elle dura plusieurs jours avec une mise en scène des plus tragiques qui servit, le premier jour, contre la royauté et, le lendemain, contre la Terreur. Voici la seconde représentation. Les autorités se rangèrent, place de la Liberté, autour de l’autel de la Patrie, qu’on avait orné de guirlandes de fleurs et de chêne ; un flambeau allumé s’élevait au milieu. À l’extrémité opposée de la place apparaissait un trône recouvert d’un manteau et surmonté des emblèmes de la tyrannie triumvirale. Le président, M. Lorin, prononça un discours. Jamais jugement plus dur, mais plus vrai, ne fut porté sur Robespierre : « Huit mois d’hypocrisie lui suffirent pour préparer ses manœuvres. Le 31 mai 1793 arriva et la faction fut triomphante. Un sceptre de fer fut dans sa main, des torches et des poignards furent distribués à ses agents dans les départements, la France nagea dans le sang de ses habitants. Il n’y eut plus ni liberté ni patrie. Robespierre régnait et ses valets se gorgeaient d’or, de sang et de crimes. » Le peuple entonna un hymne à la liberté, puis le président, prenant le flambeau, mit le feu au trône, au milieu des acclamations de la foule et des salves d’artillerie. La statue de la Liberté fut ensuite dressée sur les débris des trônes et décorée de guirlandes. On l’entoura en dansant jusqu’à la nuit.

Cette année, malgré les manifestations que nous venons d’indiquer, fut cependant la plus calme de l’époque du Directoire, et se termina même par une tentative de paci-