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pour exprimer le sentiment public : « Au général Hoche, le département des Côtes-du-Nord reconnaissant. » Hoche était mort à temps pour ne pas avoir le profond abaissement dans lequel la France descendait de nouveau.

1798 (an vi et an vii). — Tout le monde sait que les survivants du 9 thermidor, à peine échappés au couteau de la guillotine, s’était lancés, avec d’autant plus de frénésie, dans le luxe et le plus éhonté et dans les plus sales orgies. Par un retour vers l’antiquité païenne, quelques-uns d’entre eux s’efforçaient de jeter sur cette société dépravée un voile de sentimentalité et de religiosité. On les appelait les théophilanthropes. Notre Bretagne se garda encore des immoraux, mais elle fut envahie par les philanthropes, et c’est vraiment chose pénible que de lire les bucoliques qu’on jouait et les discours grotesques qu’on débitait aux fêtes de la liberté, de l’agriculture, de la reconnaissance, des vieillards, de la jeunesse, des époux, etc.

Cette dernière aurait été de beaucoup la plus réjouissante, si elle avait eu jusqu’à la fin le même ton qu’au début. L’administration départementale avait pris soin, dans une proclamation aux municipalités, de rappeler l’esprit qui devait présider à la fête : « Le Directoire, disait-elle, par son arrêté du 27 germinal an iv, indique les cérémonies les plus appropriées à cette festivité ; mais ce qu’il désire le plus, ce qu’exige la commémoration d’une union si touchante, c’est la manifestation, disons mieux, l’explosion des sentimens doux et invariables qui doivent unir deux époux. » Après avoir recommandé de rendre les premiers honneurs aux pères des familles nombreuses, à ceux des défenseurs de la patrie, et surtout d’inculquer à tous le but que s’est proposé « la morale publique et éternelle », en offrant le mariage au genre humain, les administrateurs du département s’écriaient dans un élan de lyrisme : « C’est à vous, magistrats immédiats du peuple, à peindre, avec les couleurs suaves qui leur conviennent, les charmes d’une union légitime et l’isolement affreux du célibat né