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Préfecture. Les bureaux du département en occupaient le premier étage et ceux de la municipalité, le rez-de-chaussée. L’entrée était défendue par une grille dont la serrure fut forcée à coups de masses de fer. Les chouans pénétrèrent dans la cour et y trouvèrent deux pièces de campagne de 4. Ils en gardèrent une, après en avoir, on ne sait pourquoi, détaché l’avant-train ; ils enfoncèrent deux portes du local du département, entrèrent dans un bureau dont ils renversèrent les cartons et foulèrent aux pieds les papiers.

Le détachement qui avait surpris le poste de la route de Lamballe s’empara des écuries de la cavalerie, établies dans l’ancienne chapelle de Saint-Guillaume, enleva 39 chevaux de la 4e compagnie du 2e régiment de chasseurs et 23 chevaux des 5e et 6e d’artillerie légère, qu’ils firent conduire au dehors, en longeant l’enclos des Cordeliers. Le quartier de la garnison, c’est-à-dire l’ancien couvent des Ursulines, était en même temps bloqué par une troupe que commandait Du Fou. Les chouans pénétrèrent dans une chambre et y prirent quelques armes. Tous ces faits, consignés dans le rapport officiel, prouvent que la garnison n’était guère nombreuse. Ce rapport ne mentionne pas l’acte de courage d’un vieux sous-officier qui, au dire de MM. Habasque et de Geslin, faisant honte à ses conscrits, les aurait entraînés, aurait repoussé les assaillants dans la cour de la caserne, puis fait le coup de feu avec eux jusqu’au bas de la rue aux Chèvres.

La prison était le but de l’expédition. Les défenseurs aussi bien que les détenus étaient donc en émoi, en entendant les coups de fusil qu’on tirait autour d’eux, et, chose étrange, dans ce bâtiment isolé, le poste n’était composé que de sept hommes. La déposition du geôlier Peyrode nous montre celui-ci sonnant inutilement la cloche d’alarme, puis suppliant, au nom de Dieu, ses prisonniers, qui avaient eu cependant à se plaindre de lui, de demander sa grâce. Les chefs la lui accordèrent et, à la faveur du désordre, il put se sauver et aller se cacher au Petit-Moulin. Pendant ce temps, le jeune Le Frotter, accompagné de Justice, délivrait sa mère et les autres détenus,