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parmi lesquels se trouvait une parente de leurs chefs, Mme Le Frotter, qui venait d’être condamnée à mort. Dans une conférence tenue chez Legris-Duval, il fut décidé qu’on essaierait de la sauver. Le chef de l’expédition fut Mercier, dit La Vendée, assisté de Carfort et de Saint-Régent. De Barre, Keranflech et Du Fou les secondaient. Rolland, dit Justice, fut chargé de pénétrer dans la ville sous un déguisement, d’y prendre des renseignements et de donner à leurs partisans les avis nécessaires. Plusieurs colonnes composées de gars du Morbihan et des Côtes-du-Nord, au nombre de 5 à 600, de 1,000 au plus, se mirent en marche vers Plaintel, où la réunion devait avoir lieu.

Il est si difficile d’admettre qu’un pareil mouvement ait pu rester tout à fait secret, que l’administration fut accusée de l’avoir connu. La nouvelle en serait venue, a-t-on dit, du Morbihan ; des menaces auraient été affichées pendant la nuit sur les murs, et le commissaire du Directoire exécutif, Poulain-Corbion, aurait prié inutilement ses collègues de prendre des mesures. Ce qui a dû donner naissance après coup à tous ces bruits, c’est qu’on avait fait, la veille, une publication pour défendre aux citoyens non armés de sortir, la nuit, de leurs maisons et qu’on avait affaibli la garnison en éloignant la compagnie des carabiniers. Les soldats de la 71e demi-brigade, dont on aurait pu disposer, étaient relégués dans leur caserne et tous les postes étaient occupés par les gardes nationaux. Les chouans n’ignoraient pas cette circonstance, qui leur était très favorable.

Saint-Brieuc était en effet si mal gardé que les chouans, partis de Plaintel vers dix heures, purent entourer la ville endormie et y pénétrer sans bruit entre deux et trois heures du matin. Le poste de la route de Lamballe et celui de la place de la Liberté (aujourd’hui place de la Préfecture) furent enlevés en même temps, presque sans combat, et, pendant que des patrouilles parcouraient les rues, aux cris de « Vive le roi », et en tirant des coups de feu sur ceux qui paraissaient aux fenêtres, de forts détachements se portaient à l’Hôtel de Ville, à la prison et aux casernes.

L’Hôtel de Ville était situé dans la cour actuelle de la