Aller au contenu

Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humainement receus ; tellement qu’il sembloit que ce fust un pais de refuge de tous les exilez et bannis, et à la deuotion de ceux qui s’y retiroient. »[1].

Rigwal était l’un de ces exilés. Il résidait sur notre littoral, au champ du Rouvre, c’est-à-dire au champ de l’arbre[2], quand on lui annonça l’arrivée d’une troupe d’étrangers. Tout d’abord, il ordonna de les saisir, mais frappé d’une douleur subite et croyant voir dans ce mal un avertissement du ciel, il prit de meilleurs sentiments et fit amener Brieuc en sa présence. Il le reconnut comme son parent et, pour le remercier de l’avoir guéri, il lui donna sa maison et sa terre, où Brieuc et ses compagnons bâtirent d’abord un oratoire, puis un monastère.

Les monuments, aussi bien que la tradition, ont conservé le souvenir de l’arrivée de Brieuc dans notre pays ; aussi est-ce avec une respectueuse curiosité qu’étrangers et habitants vont visiter, à l’extrémité du quartier Notre-Dame, dans un repli de terrain qui le cache tout entier, le lieu vénéré de Notre-Dame de la Fontaine. On y retrouve bien la vallée dont parle la chronique et, au chevet d’une chapelle de construction récente, la fontaine et le petit oratoire que mentionnent les vieux auteurs. Écoutez celui-ci dans son naïf langage :

« Incontinent qu’il se vid en possession de ce grand Domaine, il ne perdit pas le temps, ains mist la main à l’œuure à bon escient : son premier bastiment fut vue Chappelle proche de ceste fontaine, dont nous auons desia parlé, sur le bord de laquelle il auoit laissé ses Religieux auant que partir pour aller trouuer le comte Rigual, comme nous auons dict : elle retient encore auiourd’huy son nom et s’appelle la Fontaine de saint Brieuc, située entre deux petits vallons, la source en est fort viue et grosse, l’eau fort transparente et agréable au goust. »[3].

  1. Histoire de Bretaigne, par d’Argentré, livre ii, 117.
  2. « Erat quidem Rigualis domus in iliaco roboris, id est in campo arboris sita ». (Ancienne chronique citée par La Devison dans ses notes, à la fin du volume).
  3. Vie de saint Brieuc, par La Devison, ch. xxi.
    « His itaque gestis, beatissimus Briocus cum suo illo presbyterorum religioso comitatu, vallem quandam nemorum amœnitateconfertam perambiilans, foutem lucidissimum aquis prospicuum, divina dispooente gratia, reperit, ubi cum fratribus fusa prius ad Deum oratione subsistens, mox œdificandi oratorium manibus exertis prior ipse imponit initium. » (Extrait de rancienae chronique).