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Au moment où commençait la transformation administrative, la loge des francs-maçons, dont les membres avaient dirigé à Saint-Brieuc la Révolution et occupaient encore les emplois publics, fit le recensement de ses forces. Cette loge avait à sa tête le vénérable Piou père, ingénieur en chef des ponts et chaussées, et comptait 27 frères régénérateurs, 109 enfants de la loge, 31 frères affiliés et 3 frères servants. On retrouve dans cette liste la plupart des familles bourgeoises qui ont joué un rôle politique dans notre ville pendant la première moitié du xixe[1].

1801 (an ix et an x). — L année 1801 vit organiser la nouvelle municipalité. Le préfet nomma d’abord les 30 conseillers, puis, le 20 pluviôse, en vertu d’un arrêté du premier consul, il installa maire M. Thierry, et adjoints, MM. Lymon-Belleissue et Du Bois du Rivage. Les discours échangés à cette occasion eurent un caractère modéré et pratique, sans flatteries officielles. En nommant le conseil municipal tout entier, le premier consul, si habile cependant à concilier les institutions du passé et les idées nouvelles, abandonna également les procédés de la monarchie et ceux de la Constituante. Non seulement il ne vit dans les administrateurs d’une commune que des agents chargés de l’exécution des lois sous l’autorité du gouvernement, il alla plus loin et n’admit même pas l’élection des conseillers, supprimant ainsi toute participation des habitants dans les affaires de la cité. S’en plaignit-on à Saint-Brieuc ? Non, du moins à cette époque. On était si fatigué des troubles de la Révolution ! Et puis l’ordre renaissait de toutes parts. Dans la fête qui fut célébrée, le 10 germinal, à l’occasion de la paix avec l’Empire, le représentant du gouvernement ne parla que de concorde, d’oubli des dissensions. La paix religieuse semblait renaître. L’église de Saint-Michel était rendue au culte catholique, pour répondre

  1. Cette liste, imprimée à Port-Brieuc par J.-M. Beauchemin, nous a été communiquée par M. Ch. Le Maout. Elle est aussi utile que curieuse, car elle indique la profession, l’âge et le lieu de naissance de presque tous les membres de la loge.