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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/289

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du carème de 1816, et qu’il écrivit, suivant quelques-uns, le premier volume de l’Essai sur l’indifférence.

La correspondance des deux frères est remplie de curieux détails sur l’esprit qui régnait à Saint-Brieuc, sur les deux courants qui se heurtaient dans le mouvement politique et religieux. M. Jean-Marie de La Mennais, que nous avons vu si inquiet en 1815, commençait à se rassurer : « Le courage des honnêtes gens, dit-il, se relève ; les méchants montrent déjà moins d’audace ». M. Félix, au contraire, voyait partout le triomphe de la Révolution, et frappant, avec une énergie qui allait jusqu’à la violence, sur les hommes et sur les gouvernements, il ne craignait pas de dire: « On insulte le roi publiquement et il le trouve bon. La haine contre les prêtres est à son comble. Tout s’en va. L’Europe tombe en dissolution ».

L’ébranlement général qui eut lieu en 1820 dans la plupart des états européens, fit croire que ces prévisions allaient se réaliser. La lutte entre les monarchies absolues et la Révolution devint générale. La France, travaillée depuis longtemps par les sociétés secrètes, ne put échapper à cette crise et, le 13 février 1820, le duc de Berry périt assassiné. Ce fut un coup bien funeste pour la politique libérale qui gouvernait alors, et le prétexte des mesures de réaction que prit le duc de Richelieu, à son retour au ministère. Les élections de 1820 se firent sous l’influence de la loi du double vote, d’après laquelle un grand propriétaire pouvait voter à la fois dans un collège électoral d’arrondissement et dans celui de département. La députation des Côtes-du-Nord fut composée de six membres : MM. Beslay, comte de Kergariou, marquis de La Moussaye, baron de Saint-Aignan, comte Conen de Saint-Luc, Haouisée de La Ville au Comte. Le premier représentait l’ancien parti libéral ; les autres, la politique de résistance, dans ses diverses nuances. Les conséquences de cette évolution se firent sentir non seulement dans l’ordre politique, mais aussi dans la vie municipale, dont le développement fut sensiblement retardé.

Les années suivantes, l’affaire des casernes amena de