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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/29

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imagée de ce passage de la Chronique : « Tous se préparent au travail ; ils abattent des arbres, ils coupent des taillis, ils arrachent des buissons et des monceaux d’épines et bientôt ils transforment une forêt très épaisse en une campagne découverte. » Et ailleurs : « Ils retournaient ordinairement la terre avec le hoyau, la travaillaient ensuite et, après l’avoir broyée, la relevaient en sillons. »[1].

De ce genre de vie et de l’isolement du nouveau couvent, il résulte bien qu’on ne peut considérer Brieuc que comme l’un de ces évêques-abbés, episcopi monasterii, comme il y en avait un certain nombre à cette époque, qui exerçaient les fonctions épiscopales dans la circonscription du monastère. Tel a été, suivant toute apparence, le rôle de saint Brieuc dans notre histoire.


III. — RIVALLON. — LA DOMNONÉE.


Quelques années après la mort de saint Brieuc, survint, en 513 ou 514, une nouvelle émigration de Bretons, plus considérable que les précédentes. Elle était conduite par un chef que d’Argentré nomme Rivallon, « lequel de consanguinité appartenoit au Roy de l’isle de Bretaigne et pour ce plus enuyé des ennemis. Cestuy pour cette cause estant contrainct quiter sa patrie, se leva avec ce qu’il peut assembler de ses parents, amys et subjects asservis soubs mesme fortune et s’en vint aborder en Bretaigne, la route commune des autres. »[2]. Il reçut des Armoricains un accueil d’autant plus bienveillant qu’il les délivra, d’après le même historien, des pirates danois qui infestaient les côtes. La Devison, qui fait saint Brieuc arriver

  1. « Accinguntur orna es operi, diruunt arbores, succidunt fruteta, avellunt vepres, spinarumque congeriem, sylvamque densissimam in apertam brevi reducuut planiciem. » « Vertebant plerumque glebas ligonibus, excolebatur deinceps humus sarculis, sulcisque minutissime exarata. » (Ancienne Chronique citée par La Devisou à la suite de la Vie de saint Brieuc).
  2. Histoire de Bretaigne, livre ii, f. 117.