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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/30

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dans notre pays au vie siècle, a naturellement accepté la version de d’Argentré et confondu ce Rivallon avec le Rigwal dont nous avons parlé, sans remarquer que le récit de l’ancienne Chronique donne à celui-ci des alluresplus modestes et un domaine moins étendu. Ce n’est pas en effet à la côte voisine du Gouët que se borna Rivallon : il s’empara de tout le littoral, du pays de Léon à celui de Dol. Il y fonda le plus considérable des États bretons au vie siècle, celui de Domnonée, que les émigrés appelèrent ainsi en souvenir de la région de la Grande-Bretagne d’où ils étaient sortis[1]. Rivallon aurait fait alliance, paraît-il, avec le roi des Francs, Clotaire, ce qui ne serait pas étonnant, car Clovis avait déjà commencé à s’occuper des affaires de l’Armorique.

S’il est établi que notre territoire ait fait partie de la Domnonée, au vie siècle, nous ignorons néanmoins ce qu’est devenue la ville de Saint-Brieuc pendant ce siècle et les deux suivants. L’auteur anonyme du Chronicon Briocense et d’Argentré, après lui, citent, il est vrai, un Allain, évêque de Saint-Brieuc au viie siècle ; mais Ruffelet, d’accord avec les Bénédictins, réfute cette prétention en ces termes : « Nous ne parlons point ici d’un certain Allain qu’on dit avoir été évêque de Saint-Brieuc dans le viie siècle. Ce prélat ne nous est connu que par la charte attribuée à Alain le Long, roi de Bretagne, et cette charte est trop décriée aujourd’hui pour que nous veillons (sic) y rien puiser. »[2]. Ruffelet aurait pu ajouter que, quand même l’anarchie qui bouleversa la Domnonée n’aurait pas jeté un voile épais sur cette époque, il serait inutile d’y chercher la suite de nos évêques. Le diocèse de Saint-Brieuc ne date en effet que du ixe siècle et du règne de Nominoë.

  1. La Domnonée insulaire comprenait les comtés actuels de Devon et de Cornouaille.
    La Domnonée armoricaine s’étendait, au nord, de la rivière de Couesnon à celle de Morlaix et, au sud, jusqu’aux montagnes d’Arrez et aux vastes forêts qui séparaient la péninsule en deux parties.
  2. Annales briochines. Note de la 1re page du catalogue des évêques de Saint-Brieuc.