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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/292

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non seulement à la préfecture, par la société officielle, mais encore par un bal à l’Hôtel de Ville et des danses publiques où se rencontrèrent toutes les classes de la population.

La politique les divisa de nouveau, et le gouvernement, rencontrant de toutes parts la plus vive opposition à ses projets, se résolut à dissoudre la Chambre des députés. Les élections de 1827 ayant donné plus de force à l’élément libéral, le ministère Villèle fît place au ministère Martignac, qui rentra dans la voie des réformes. Il présenta plusieurs projets de loi sur l’organisation départementale et communale, notamment pour faire élire les conseils et les officiers municipaux ; mais d’un autre côté le roi, tout en laissant déposer dans les esprits, à certaines heures, des germes de liberté, semblait craindre de les voir lever. Il profita de la résistance faite à M. de Martignac par les partis extrêmes pour prendre, suivant ses goûts, un ministère tout à fait opposé à la Révolution et, au mois d’août 1829, il confia la direction des affaires à M. de Polignac. À Saint-Brieuc comme ailleurs, la bourgeoisie s’organisa pour la lutte et s’enrôla dans les sociétés secrètes, ou même, au grand jour, dans la fameuse société : Aide-toi, le ciel t’aidera.

L’opposition fut servie à souhait par une discussion d’ordre administratif qui agitait depuis quelque temps le conseil municipal, et qui finit par indisposer contre le gouvernement plusieurs hommes dont le dévouement n’était pas contesté. Il s’agissait de l’octroi, c’est-à-dire de la source la plus importante des recettes municipales. La ville avait repris la gestion de son octroi, mais l’administration supérieure lui rappelait sans cesse les dispositions de la loi du 28 avril 1816, d’après lesquelles les droits d’octroi sur les boissons ne pouvaient excéder ceux qu’on percevait au profit du Trésor, à moins que l’exception ne fût consacrée par une loi. La lutte à ce sujet devint particulièrement vive à partir de 1826. Le ministre exigeait que la ville diminuât l’octroi sur les boissons et frappât des droits compensateurs sur les comestibles et surtout sur la viande. Le conseil répondit qu’appelé à émettre son opinion, il regardait