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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/293

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comme un devoir de la donner telle que sa conviction la dictait ; que l’octroi sur le cidre, qui représentait les deux tiers du revenu, étant de 1 fr. 75 par hectolitre et le droit d’entrée de 0 fr. 65 seulement, il en résulterait une perte de 30,000 fr. si l’on ramenait le premier au second, et qu’il serait impossible de se procurer cette somme en frappant les comestibles, et par suite de solder l’emprunt. En agissant ainsi, le conseil était l’organe de la population, car la taxe exigée était onéreuse et impopulaire. Le gouvernement, ne pouvant vaincre cette résistance opiniâtre, établit d’office un nouveau tarif, d’après lequel les recettes de 1820 devaient diminuer de 50,000 francs. En présence d’un pareil acte, le conseil décida de s’en rapporter à l’autorité supérieure pour la fixation des dépenses, et presque tous les membres s’abstinrent de signer au registre. L’administration était devenue impossible. En vain fit-on intervenir à Paris le préfet, les députés, M. de Kergariou, pair de France, M. de La Moussaye, ambassadeur ; en vain lit-on remettre un mémoire aux députés chargés de poursuivre le rapport de la loi sur les boissons, il fallut, par nécessité, céder sur l’admission des comestibles au tarif et se borner à transiger sur quelques autres points. La réduction opérée sur l’octroi, en bouleversant les finances de la ville, ne tourna pas au profit des consommateurs, mais seulement des aubergistes. Le moment n’était guère favorable pour tenter une pareille innovation, car l’hiver rigoureux de 1829 avait fait suspendre le travail pendant un mois et réduit à la misère près de 700 familles ; aussi la perception de la nouvelle taxe provoqua-t-elle des troubles sérieux, peu de temps avant la Révolution de 1830.

L’indépendance si nettement affirmée d’un conseil nommé par le pouvoir, prouve bien que le pays commençait à s’habituer à la libre discussion des affaires locales, et à plus forte raison des affaires politiques, sur lesquelles l’opinion publique agissait alors plus efficacement. Il ne faut donc pas être étonné si, après une année du gouvernement de M. de Polignac et la dissolution de la Chambre des députés, les élections de 1830 ne furent pas tout à fait