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son œuvre de prédilection, l’instruction populaire, qu’il nous reste à faire connaître.

Après avoir contribué, en 1817, à rappeler les frères de Saint-Yon ou de Lasalle et les avoir aidés à s’établir, M. de La Mennais s’occupa de fonder un autre institut, pour donner plus spécialement l’instruction aux enfants des campagnes. Dans ce but, il réunit autour de lui, au mois de septembre 1817, dans sa maison de la rue Notre-Dame, quelques jeunes gens auxquels il enseigna l’arithmétique et l’orthographe. Cette réunion fut le berceau des frères de l’instruction chrétienne, qui s’organisèrent à Auray en 1820 et eurent bientôt leur maison-mère à Ploërmel.

En même temps, l’ordre de la Providence se formait, sous la direction de M. de La Mennais, pour l’instruction des jeunes filles pauvres. Ce fut d’abord une congrégation laïque qui, à la suite de la célèbre mission de 1816, recueillit plusieurs petites filles, dont quatre mendiantes. Une partie de la congrégation ouvrit une école dans la rue Fardel et s’établit bientôt dans une dépendance de l’ancien couvent des Ursulines. Elle garda le nom de Providence et reçut sa règle de M. de La Mennais, en 1821. Cet établissement prospéra rapidement et compta, dès 1830, de 3 à 400 élèves. Mlle Julie Bagot, fille de l’ancien maire de Saint-Brieuc, avait pris part aux débuts de l’œuvre et s’était chargée des petites mendiantes. Sa modeste fortune fut consacrée à fonder un orphelinat, près de la chapelle Notre-Dame et de l’oratoire de saint Brieuc. Bientôt elle n’eut d’autres ressources que le faible travail de ces enfants et le produit d’une loterie dont les dames de Saint-Brieuc faisaient tous les frais. Mlle Bagot n’en persista pas moins à donner l’exemple du plus admirable dévouement.

Nous venons de mentionner les dames de Saint-Brieuc comme auxiliaires des œuvres charitables. Dans un autre genre, elles se distinguèrent par une création assez rare, qui leur permit d’exercer sur la société de Saint-Brieuc l’influence qu’on accorde à l’esprit et à la grâce : c’était la Chambre des dames. Cette réunion, ouverte aux hommes.