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nistration municipale proposait en effet de nouvelles taxes. Après de vives discussions, on convint de ne rien décider avant le prochain renouvellement de la moitié du conseil.

Ce renouvellement eut lieu en 1840 et marqua une nouvelle phase dans l’histoire administrative de Saint-Brieuc. Tandis que M. Guizot était appelé à diriger les affaires du pays et mettait fin aux crises ministérielles, en se formant une majorité dévouée, l’administration municipale allait être au contraire moins libre que par le passé. L’appel fait à l’opinion publique avait été entendu et les électeurs avaient envoyé siéger au conseil, à côté de la majorité orléaniste, quatre membres nouveaux, représentant d’autres opinions politiques et religieuses. On ne pouvait mieux faire que de confier ainsi les intérêts de la ville aux hommes les plus capables de tous les partis.

Le nouveau conseil eut avant tout à pourvoir aux difficultés financières que lui avaient léguées ses prédécesseurs, et fut obligé de créer, sur la proposition de l’administration, deux taxes : un droit de place et d’étalage, évalué 7,400 fr., et un droit sur la viande, 8,000 fr. environ. Cela paraissait suffisant pour équilibrer le budget ordinaire. Quant aux travaux extraordinaires, ils furent assurés, malgré la résistance des plus imposés, par la prolongation, jusqu’à 1848, des 7 centimes, que consacra l’ordonnance royale du 20 mars 1842.

La période de 1840 à 1846 fut marquée, à Saint-Brieuc, par une grande activité au sein du conseil et de la population. De grandes idées et de grands projets furent mis à l’étude dans le conseil. Ce fut d’abord la création d’une société de charité. L’initiative en avait été prise, en dehors du conseil, par M. Achille Du Clésieux, qui préludait ainsi à ses œuvres charitables. Elle fut soutenue dans l’assemblée, avec autant de chaleur que d’élévation, par M. Pouhaër. « L’œuvre qu’on projette dans l’intérêt des pauvres, dit-il, n’est possible qu’à l’aide du concours de tous, et ce concours ne peut être obtenu que sur un terrain neutre, celui de la charité. La charité n’a pas de drapeau. L’administration, au contraire, a et doit toujours avoir le sien ».