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La fusion des esprits n’était pas suffisamment faite et le projet adopté, l’année suivante, avec plusieurs changements, resta dans le domaine de la théorie. M. Pouhaër, enlevé par une mort prématurée, en 1842, ne put en voir l’application, et laissa le soin de reprendre ces idées sur le terrain religieux à quelques hommes qui formaient avec lui un groupe d’élite.

C’est à ce groupe que se rattachent les institutions de charité et de prévoyance, fondées à cette époque pour toutes les classes de la société. En 1840, M. Pouhaër avait établi la société de Saint-Vincent-de-Paul, de concert avec quelques amis. L’un d’eux, l’abbé Gautier organisa, en 1843, le patronage des enfants des deux sexes et l’œuvre des pauvres malades et fut, pendant trop peu d’années, l’âme de toutes les institutions charitables dans la ville de Saint-Brieuc. En 1843, M. Achille Du Clésieux jetait, à Saint-Ilan, les fondements d’une œuvre admirable pour la colonisation des landes de Bretagne par les enfants pauvres et abandonnés. Enfin, au moment où la mort de M. Pouhaër laissait un vide considérable dans le conseil municipal, M. Geslin de Bourgogne y entrait pour la première fois. Il venait de quitter l’armée pour mieux soutenir, par la parole et par la plume, les idées religieuses et libérales. Pour ses débuts, il avait présidé à la fondation du Français de l’Ouest et contribué à toutes les œuvres charitables que nous avons indiquées. Nous le retrouverons au conseil municipal, pendant plus de vingt ans, rapporteur de tous les grands projets d’intérêt communal.

Le moment semblait favorable aux projets. Le passage à Saint-Brieuc d’un prince de la famille royale allait encourager toutes les espérances. Le duc de Nemours, second fils de Louis-Philippe, arriva, le 26 août, à Saint-Brieuc et y séjourna deux jours. Depuis la mort si triste du duc d’Orléans, on voyait en lui le futur régent de la France ; aussi fut-il reçu sous des arcs de triomphe et conduit aux principaux établissements et au port, pour prendre connaissance des besoins du pays. À cette enquête rapide on joignit une fête sur la place, et un bal dans la