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menaça de transférer les courses dans une ville du voisinage. On finit par s’entendre, après quelques années de lutte, et la ville de Saint-Brieuc conserva une fête à laquelle elle tenait beaucoup.

Au milieu des efforts pacifiques que nous venons d’énumérer, il n’y eut désaccord dans le conseil que sur la question de l’enseignement public. Après avoir tenu quelque temps la balance égale entre l’école mutuelle laïque et celle des frères, le conseil municipal avait abandonné la dernière, puis s’en était occupé de nouveau pour attaquer une des règles de cet institut. Les frères de l’instruction chrétienne, fidèles à leur passé et devançant l’avenir, voulaient donner l’instruction gratuite. Cette résolution fut l’objet d’une vive opposition dans le conseil, en 1842. La majorité tenait pour la rétribution scolaire, nécessaire à l’école mutuelle. Le maire se prononça pour le statu quo, qui fut enfin adopté.

Le principe de la liberté d’enseignement était alors discuté à la tribune et dans la presse. Un chanoine de la cathédrale de Saint-Brieuc, M. l’abbé Souchet, prit part à la lutte et fit paraître, en 1845, « Un avertissement aux catholiques sur les dangers qui les menacent dans la personne de leurs enfants ». L’écrit fut déféré aux tribunaux, et l’auteur fut condamné par la cour d’assises du Calvados à quinze jours de prison et à 100 fr. d’amende. Le jour où M. Souchet sortit de prison, son évêque alla le chercher en voiture et le ramena en triomphe. Cette affaire fit sensation et fut l’un des épisodes les plus remarqués de la lutte pour la liberté d’enseignement.

Il y avait donc à Saint-Brieuc du mouvement et de la vie à cette époque, en même temps que de l’ordre dans les finances. L’administration municipale put constater en effet, en 1846, que, d’accord avec le conseil, elle avait liquidé la situation dangereuse de 1838, tout en poursuivant les travaux commencés. Le service des emprunts avait eu lieu régulièrement. Il n’était plus dû de ce chef que 31,000 fr., et un léger excédent de recettes dans le budget permettait de songer à quelques améliorations. Le