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depuis longtemps la question d’un bassin à flot était à l’étude. La loi du 3 juillet 1846 y donna une solution favorable et affecta 900,000 francs à cette construction. D’après le projet de MM. les ingénieurs Méquin et Camus, on devait établir dans le marais de Rohanet un bassin latéral, communiquant avec la mer au moyen d’un chenal terminé par une écluse, et de plus transformer, au moyen d’un barrage, le port en un vaste bassin, également mis en communication avec la mer et le bassin latéral. Les travaux furent commencés dès l’année 1847.

Le port du Légué a donc reçu de larges subventions sous la monarchie de Juillet. Du reste, il méritait bien quelques faveurs. La Statistique générale de France nous apprend que les droits de douane qui y furent perçus de 1833 à 1837, représentaient une moyenne annuelle de 167,405 fr. et que les navires entrés et sortis, en 1837 seulement, jaugeaient 35,685 tonneaux, ce qui le faisait classer parmi les ports de France, le 24e, d’après les douanes, et le 47e, d’après le tonnage. La pêche de la morue, exploitée par de nombreuses et anciennes familles d’armateurs, était toujours en voie de prospérité. En 1845, le Légué envoyait à Terre-Neuve 29 navires, jaugeant 4,518 tonneaux et montés par 1,430 marins.

Le Légué servant à l’exportation des produits agricoles, on essaya d’établir un service de bateaux à vapeur entre ce port et le Havre. La Société des Côtes-du-Nord, fondée dans ce but, en 1843, disparut presque aussitôt.

Les arts n’étaient guère en progrès à Saint-Brieuc. Un cours de dessin y fut ouvert, dans l’intérêt des jeunes ouvriers surtout, mais M. Habasque était obligé de reconnaître que ce cours était peu fréquenté.

La société philharmonique, réorganisée en 1839, était plus appréciée, car il y avait à cette époque un entrain remarquable dans toutes les classes de la société. Les réunions privées rivalisaient avec les réunions officielles pour jeter une note harmonieuse au milieu des affaires, et la politique, bien qu’elle fut parfois ardente, ne s’emparait pas des esprits au point de faire rompre les relations sociales.