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prise dont on n’avait considéré, au début, que la nécessité, sans se préoccuper suffisamment de l’unité du plan, ni des moyens d’exécution ; aussi pesa-t-elle lourdement, pendant vingt ans, sur les finances municipales.

Le début de l’année 1861 fut encore assez pénible. À partir du 1er janvier, le bataillon du 99e en garnison à Saint-Brieuc, fit distribuer quatre-vingts soupes par jour aux indigents. Le conseil leur vint en aide, en abordant les grands travaux que rendait nécessaires l’établissement de la gare sur le plateau voisin du séminaire. M. Dujardin fut chargé de tous les rapports sur les abords de la gare, sur l’ouverture d’un boulevard parallèle, sur l’aménagement de la grande promenade, que dirigea M. Barillet-Deschamps, architecte de la ville de Paris. Ces travaux, joints à ceux de la chapelle du lycée et de la bibliothèque, représentaient au moins 300,000 francs. La situation fut déclarée mauvaise et, pour la dégager, on vota un emprunt de 300,000 fr. au crédit foncier. Cet emprunt, qu’autorisa la loi du 10 juin 1862, devait être remboursé au moyen de 30 annuités, prélevées sur les revenus ordinaires.

Au milieu de ces difficultés, la ville de Saint-Brieuc reçut la nouvelle d’un événement qui lui faisait honneur. Au retour de l’expédition de Chine, le vice-amiral Charner, commandant en chef de nos forces navales dans l’extrême Orient, s’empara de Mytho, position stratégique dominant le Cambodge et couvrant nos possessions de Cochinchine. Le conseil municipal fit parvenir une adresse de félicitations à notre illustre compatriote, qui répondit avec sa bonté et sa simplicité ordinaires. Il envoya, l’année suivante, à sa ville natale quelques-uns des drapeaux pris sur les Annamites.

À l’année 1861 se rattache aussi la naissance de la Société d’Émulation. Le 31 janvier, MM. Geslin de Bourgogne, Gaultier du Mottay et Lamare prirent l’initiative d’une réunion, où ils proposèrent de fonder dans les Côtes-du-Nord une Société d’Émulation, « pour provoquer, soutenir et coordonner les efforts de tous les hommes cultivant les sciences, les lettres et les arts ». Ces efforts devaient être