Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/358

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souvenir de cet incident peut donc être rappelé sans crainte, car nul évêque ne fut plus que Mgr David soumis à l’Église et dévoué à la France, dans la crise qui s’annonçait en même temps pour l’une et pour l’autre.

Le 8 mai, l’empereur voulant à la fois associer la nation à son nouveau système politique et consolider sa dynastie, avait provoqué un plébiscite dans la forme suivante : « Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la constitution de 1860 par l’empereur, avec le concours des grands corps de l’État, et ratifie le sénatus-consulte du 20 avril ». Bien que l’administration municipale se fût prononcée ouvertement en faveur du plébiscite, les électeurs de Saint-Brieuc ne déposèrent dans l’urne que 1,384 oui, contre 1,102 non, sur 3,597 inscrits ; mais le département tout entier donna 121,913 votes favorables et seulement 8,242 contraires. La proportion fut la même dans le reste du pays, et l’on put croire que l’empire libéral était à jamais consacré par la volonté populaire.

Est-ce la joie du triomphe, ou quelque motif ignoré, qui entraîna le gouvernement dans la guerre avec la Prusse ? Toujours est-il qu’au moment où la candidature d’un prince prussien au trône d’Espagne paraissait écartée, le gouvernement déclara que l’honneur de la France n’était pas satisfait. Le 19 juillet, la guerre commençait entre la Prusse et la France. Le 23, l’empereur adressait au pays une proclamation, en partant pour l’armée. On apprenait bientôt coup sur coup que, le 2 août, l’armée avait passé la frontière, et pris Sarrebruck ; que, le 4 août, le général Douay avait été tué à Wissembourg, et que, le 6, le maréchal de Mac-Mahon avait été écrasé à Reischoffen, par des forces supérieures, après la plus héroïque résistance.

À Saint-Brieuc, la ville tout entière avait subi, comme la France, des émotions bien diverses. Dans les derniers jours de juillet, on ne rêvait que victoires. On visitait avec un vif intérêt le campement improvisé du 70e sur la grande Promenade, et l’on suivait avec ardeur les exercices de nos mobiles sur le Champ-de-Mars. Après le 6 août, les esprits furent frappés de stupeur et des plus sombres prés-