Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/372

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qu'un grand nombre d'entre eux sont morts héroïquement pour la Patrie[1]. Leurs frères d'armes survivants nous pardonneront de ne pas citer tous ceux qui se sont également dévoués : ce n'est pas une histoire de la guerre, c'est un nécrologe que nous faisons.

Les premières victimes furent les trois frères Merlin, tous soldats de vocation, prédestinés à la mort du champ de bataille. François arrivait d'Afrique, où il avait gagné le grade de lieutenant au 2e zouaves. C'est dans les rangs de ces braves qu'il fut frappé, au début de la guerre, le 6 août, dans cette sanglante journée de Reischoffen, que le courage de nos zouaves et de nos cuirassiers a rendue légendaire. Ses deux frères étaient alors au 1er de ligne : Louis, capitaine, et Charles, sergent-major, se préparant au combat, car ils faisaient partie de la grande armée sur laquelle reposait le salut du pays. Charles Merlin fut blessé à Rezonville, le 16 août, et mourut à Sedan, dans la nuit du 3 au 4 septembre ; Louis Merlin, blessé à Servigny, le 31 août, resta, séparé de son frère, dans les cantonnements de Metz et y mourut le 6 septembre. Quand ces nouvelles arrivèrent à Saint-Brieuc, l'une après l'autre, avec l'annonce du désastre de Sedan et du blocus de Metz, la consternation fut générale, et le triple coup qui frappait une famille estimée fut ressenti dans la cité tout entière.

Mais déjà d'autres nobles victimes étaient tombées, à peu de distance des frères Merlin, de Metz à Sedan, dans ces lieux tristement célèbres par le dévouement de nos soldats. Le 14 août, c'était Olivier Morin, sous-lieutenant au 13e de ligne, blessé à mort à Borny, en enlevant sa compagnie ; Antoine Paturel, capitaine au même régiment, tué le 18 août, à Saint-Privat, quelques jours après avoir écrit ces mots : « Nous avons juré que nous mourrons tous, ou qu'il ne sortira pas de France un Prussien » ; le même jour, dans la même brigade, si cruellement décimée à Saint-Privat, Henri Leguen, capitaine adjudant-major

  1. Il faut lire les notices aussi complètes qu'émouvantes publiées, en 1882, par un trop modeste anonyme (M. Le Clère sous le titre : les Enfants de Saint-Brieuc, morts pour la patrie en 1870-71, par F. L. C.