Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/371

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davantage que celles que vous me faites l’honneur de m’adresser en son nom... »

Dans le cours de sa glorieuse carrière, l’amiral Charner avait toujours été l’homme du devoir. S’il était brave, il était aussi humain que désintéressé : « Je fais la guerre, disait-il, et non la piraterie ». Simple et bon dans la vie privée, il aimait surtout à goûter les joies de la famille, dans sa petite campagne du Val-André, à peu de distance de sa ville natale. Élu, en 1858, conseiller général du canton de La Roche-Derrien, il avait siégé aussi souvent que la guerre le lui avait permis, et s’il donna sa démission, peu de temps après sa nomination a la dignité d’amiral, ce fut pour couper court aux instances du général de Goyon, qui voulait lui céder la présidence.

L’amiral Charner était donc l’orgueil de la ville de Saint-Brieuc ; aussi, quelle ne fut pas la douleur de ses concitoyens quand ils apprirent qu’il avait succombé à Paris, le 7 février 1869, à une maladie, suite de ses longues fatigues ! Le 11 février, les obsèques de l’illustre marin eurent lieu aux Invalides, avec les honneurs dus à sa haute dignité ; mais l’amiral avait voulu reposer dans le cimetière de sa ville natale, et celle-ci lui fit, le 26 août, des funérailles dignes de lui. La population tout entière se joignit, en effet, aux autorités civiles et militaires, aux représentants de la marine, à la famille de l’amiral, pour le conduire à sa dernière demeure. Les sentiments dont les cœurs étaient remplis furent exprimés avec autant de simplicité que d’émotion, au nom de la marine, par le vice-amiral Lafon de Ladebat, ancien chef d’état-major de l’amiral ; au nom du département, par le général de Goyon, président du conseil général ; au nom de la ville de Saint-Brieuc, par le maire, M. Hérault.

L’amiral Charner n’a pris part qu’a des triomphes. Il est mort assez à temps pour ne pas être témoin des désastres de son pays. Si ces désastres sont tels qu’on évite d’en parler avant le jour de la réparation, nous avons du moins la consolation de dire que, dans la lutte contre l’étranger, les fils de Saint-Brieuc se sont montrés dignes de leurs aînés, et