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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/374

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François Meunier, lieutenant de vaisseau, commandait une batterie chargée de couvrir la retraite du général Faidherbe, après la bataille de Dury, près d’Amiens. Privé de ses artilleurs, Meunier chargeait lui-même une pièce, en refusant de se rendre, quand il tomba, les jambes emportées d’un boulet, le 27 novembre.

Du côté de l’Ouest, l’armée de la Loire, sous les ordres du général Chanzy, après avoir fait des efforts surhumains, reculait vers la Bretagne, en infligeant à l’ennemi des pertes sensibles. Parmi les épisodes de cette glorieuse retraite, l’un des plus émouvants fut le combat du plateau d’Auvours, livré le 11 janvier 1871, à peu de distance du Mans. C’était une position importante qu’il fallait à tout prix reprendre aux Prussiens. Une colonne d’attaque fut formée par le général Gougeard. À côté des zouaves pontificaux, on vit s’élancer deux compagnies des mobiles des Côtes-du-Nord. Ce fut le renouvellement du combat héroïque de Patay. La position fut reprise ; mais les deux capitaines y tombèrent à la tête de leurs compagnies.

L’un était Grouazel, ancien gendarme, qui avait mérité les épaulettes et avait vécu longtemps à Saint-Brieuc, entouré de l’estime publique. Nommé capitaine dans la mobile avant la guerre, il n’avait pas reculé au moment du danger, bien qu’il fût père de famille et sans fortune. Faisant son devoir à l’égal des plus jeunes et des plus braves, il fut blessé mortellement sur le champ de bataille.

L’autre capitaine était Augustin Du Clésieux, jeune homme au cœur droit et vaillant. Il semblait appelé à un brillant avenir dans un pays où tout le monde l’aimait, où sa famille avait fait beaucoup de bien ; mais Dieu qui, aux jours de l’épreuve, n’épargne pas plus l’enfant du riche que celui du pauvre, avait marqué Augustin Du Clésieux comme une victime de choix. Blessé grièvement à l’attaque du plateau d’Auvours, ramené par sa mère dans sa chère Bretagne, il fut doux et bon sur son lit de douleur comme il l’avait été envers ses soldats, et mourut le 26 février, à l’âge de 27 ans, emportant avec lui des regrets unanimes et de sincères affections. On le vit bien à ses