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funérailles, qui eurent, comme celles des trois frères Merlin, le caractère d’un deuil public. Quelques jours après, un dernier hommage arrivait, sur la tombe, hélas ! du jeune capitaine des mobiles : c’était la croix d’honneur, envoyée trop tard pour être déposée sur son cercueil.

Bien d’autres enfants de Saint-Brieuc sont morts dans cette triste guerre, soldats obscurs, mais non moins méritants. Si le pays accorde à ceux que nous avons nommés un souvenir spécial, parce qu’ils étaient plus en vue, il a pour tous les autres un égal amour, une égale reconnaissance. C’est ce double sentiment qu’éprouvait l’admirable abbé Kermoalquin, quand il réclamait l’honneur d’aller au camp de Conlie, avec l’élite des jeunes prêtres et des élèves du grand séminaire, pour soigner dans les ambulances les malheureux enfants de nos villes et de nos campagnes « Je suis heureux, disait-il, d’y aller, mais je serais encore plus heureux d’y mourir ». Son vœu fut exaucé. Ayant sollicité la faveur de rester à Conlie, auprès de ses derniers malades, après la levée du camp, le saint aumônier en chef de l’armée de Bretagne y mourut de la fièvre scarlatine, le 11 janvier, le jour même où Grouazel et Augustin Du Clésieux étaient frappés à mort sur le plateau d’Auvours.

Quand cette longue et funèbre liste fut fermée. Mgr David fit célébrer pour les victimes un service dans la cathédrale, le 4 mai 1871, et y prononça, à la mémoire des morts, une oraison funèbre, où se révéla une fois de plus son cœur de père et d’évêque. Le rôle du diocèse de Saint-Brieuc dans la défense nationale y fut tracé avec autant d’émotion que de grandeur. Après cette parole autorisée, tout hommage serait superflu. La ville de Saint-Brieuc s’honorera cependant, en consacrant le monument qu’elle fait préparer par l’un de nos habiles sculpteurs, Ludovic Durand, pour perpétuer le souvenir de ceux de ses enfants qui sont morts pour la patrie.

Nous craindrions d’être injuste, en résumant, comme nous l’avons fait, dans les autres chapitres, la période si extraordinaire, qui a commencé par la révolution de 1848