Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/378

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Qu’il nous soit permis seulement de constater un fait : c’est que les rapports sociaux souffrent du bouleversement des idées et qu’on est divisé, même sur le terrain municipal. Nous en conclurons : qu’il est bien désirable que les libertés municipales se développent dans un cercle plus large, sans être subordonnées aux vicissitudes des régimes politiques ; et que des hommes d’opinions diverses soient appelés à travailler en commun au bien de la cité.

Ce vœu se réalisera, nous l’espérons, et le progrès, après un nouvel effort, reprendra sa marche en avant. En attendant, nous allons terminer cette histoire en faisant la description de la ville de Saint-Brieuc, à la fin de l’année 1884. Nous aurons par là même l’occasion de donner quelques détails sur sa situation financière et morale.

Quelle différence entre la ville du xviiie siècle telle que nous l’avons décrite (page 179), et la ville actuelle ! Le site est le même, mais il est embelli par de nouveaux quartiers, par les boulevards et les promenades, dont nos pères n’avaient eu que l’idée. Quant aux mœurs et aux habitudes, elles se sont également modifiées, surtout dans les deux dernières périodes ; aussi trouvons-nous un peu vieux le tableau que continuent à faire les auteurs des Guides, en répétant, les uns d’après les autres, depuis vingt ans : « Saint-Brieuc est une ville éminemment bourgeoise et presque champêtre ; ses habitants ont conservé en grande partie les habitudes de leurs ancêtres ; ils se lèvent, se couchent et mangent aux mêmes heures qu’au siècle passé. » Il est temps de rajeunir ce tableau.

Le voyageur qui arrive à Saint-Brieuc en chemin de fer, se trouve au sommet d’une colline aspectée au nord et inclinée vers la rivière de Gouët. C’est sur ce versant, assez profondément creusé au centre et relevé des deux côtés, qu’est bâtie la ville ; mais, de la gare, on n’en voit que la partie supérieure. Du boulevard de la gare se détachent six voies qui conduisent en ville. La plus fréquentée, sinon la plus large, celle que suivent les piétons, descend par une pente rapide les rues aux Chèvres, des Casernes, des