Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/383

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C’est par la porte latérale ouvrant sur la rue de la Préfecture, qu’il faut entrer dans la vieille cathédrale. L’œil, un peu étonné d’abord, est séduit bientôt par des détails pleins de richesse et d’élégance, qui nous reportent tour à tour du xiiie au xvie siècle. C’est l’un des caractères de cet édifice de présenter ainsi la suite ou plutôt le mélange des âges de l’architecture. Les maîtres de l’art rapportent au xiiie siècle la croisée de l’église et les transepts, quelques chapiteaux du chœur, la tour du nord, dite la tour Brieuc ; au xive, le chœur, les bas-côtés, la sacristie et la chapelle de la Vierge, dont une restauration intelligente a rétabli l’ancienne physionomie, mais non les parties mutilées. La statue qu’on y vénère est, dit on, celle de N.-D. de la Porte. Le xve siècle nous a donné la tour du midi, la belle fenêtre du transept midi, dont la rosace a été reproduite par M. de Caumont, et l’ancienne chapelle Saint-Guillaume, à la fois élégante et hardie, avec un charmant escalier dans une tourelle octogonale. Au xvie siècle appartiennent les chapelles secondaires du chevet et surtout un magnifique buffet d’orgues, aux ciselures délicates et variées, si bien fait pour recevoir le magnifique instrument de M. Cavalier-Coll.

Ah ! certes, l’étranger qui descend dans la cathédrale par le grand portail, au-dessous de l’orgue, et qui, de là, regarde cette lourde nef aux piliers massifs, reconstruite au xviiie siècle par Mgr de Boissieux, ne doit éprouver qu’un sentiment pénible ; mais s’il écoute, aux jours des grandes solennités, l’orgue frémissant sous la main d’un artiste dont Saint-Brieuc s’honore, M. Ch. Collin, et le chant majestueux de la maîtrise répondant aux accords de l’orgue, le temple se transforme à ses yeux et lui révèle des beautés véritables, auxquels s’ajoutent les souvenirs religieux. C’est, en effet, sous ces voûtes que les reliques de saint Brieuc ont été rapportées de l’exil ; que saint Guillaume, exilé à son tour, est venu dormir son dernier sommeil, après avoir servi de témoin à la liberté religieuse. Auprès du grand évêque reposent, au milieu de tant d’autres oubliés, Mgr Le Porc de La Porte, dans l’une des cryptes