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vances ecclésiasiiques dans la paroisse de Bréhant. S’il maintint les décimes en nature et les droits pécuniaires dus par les fidèles, il consacra du moins de nombreuses exemptions en faveur des pauvres[1].

Il serait facile de multiplier, pendant les années suivantes, les preuves de cette recherche des droits de l’Église à laquelle se livra l’évêque Guillaume, souvent contre les moines eux-mêmes. Il aurait voulu inspirer le respect de l’ordre et de la justice à cette société du moyen-âge, où l’on voyait de grands abus à côté des actions les plus généreuses, et la tâche était difficile quand il fallait, à la tête d’un diocèse, à la fois réformer le clergé et résister aux violences des hommes d’épée. Guillaume, malgré les qualités aimables de son esprit, ne reculait pas devant la lutte, quand il croyait le droit menacé, et c’est là cependant le côté de sa nature qui a le moins séduit ses historiens, comme s’il était incompatible avec la sainteté.

L’auteur de la Vie de saint Brieuc, La Devison, a composé une Vie de saint Guillaume, tirée également de l’ancienne Chronique. Il y célèbre, avec une naïveté pleine de charmes, l’humilité, la chasteté, la charité, en un mot les vertus privées du saint ; il rappelle avec émotion son dévouement pendant une famine, où le bon pasteur « se rendit esgal aux plus nécessiteux ; se fist pauure auec les pauures »[2] ; il commande notre respect, quand il le montre faisant bouillir cette grande marmite des pauvres qu’on gardait encore, au xviie siècle, dans le trésor de la cathédrale, « comme vn précieux gage et riche ioyau. »[3].

  1. « Le lendemain de Noël, celui qui aura du pain de façon en donnera un ; celui qui n’en aura pas offrira un denier ; ceux qui sont trop pauvres seront exempts : in crastino Natalis Domini, qui panem facticium habuerit unum solvet, qui non habuerit, unum denarium offeret, pauperiores immunes erunt. — Le prêtre ne prendra rien non plus pour le baptême des petits enfants et l’onction des malades, à moins qu’on ne lui offre volontairement : similiter pro baptismate parvulorum et unctione infirmorum nichil petat sacerdos, nisi voluntarie offeratur, etc. (Cartulaire de Saint-Melaine, f. 147, d’après les Anciens Evêchés de Bretagne).
  2. Vie de saint Guillaume, p. 98.
  3. Id. p. 112.