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La date de la mort de Guillaume n’est pas connue d’une manière certaine. La plupart des chroniqueurs, et l’Église dans son office, ont accepté le 29 juillet 1234. La bulle de canonisation, dont nous allons bientôt parler, s’en écarte peu en fixant la fête du nouveau saint « au quatrieme iour deuant les Calendes du mois d’Aoust : auquel iour il rendit l’esprit à Dieu » ; mais il faudrait encore avancer cette date de quelques mois, si l’on s’en rapportait à une charte de Saint-Aubin-des-Bois, donnée par son successeur, le mercredi après le dimanche des Rameaux de cette même année 1234[1]. Il est étonnant qu’on ne soit pas mieux renseigné sur un fait du xiiie siècle.

III. — L’ÉVÊQUE PHILIPPE. — CANONISATION DE
SAINT GUILLAUME.


Philippe, chanoine de la cathédrale et ami de Guillaume, fut appelé à lui succéder. Il fut désigné par l’archevêque de Tours, qui paraît avoir usé pour la première fois de son droit, après avoir annulé deux élections irrégulières faites par le chapitre.

Philippe vit s’opérer une réaction très vive contre la politique de Pierre Mauclerc. Dés 1235, une enquête eut lieu à Saint-Brieuc, dans la noblesse et le clergé, au sujet des empiétements qu’on reprochait à Mauclerc sur les droits des grands vassaux. Le roi de France, Louis IX, ayant été pris comme arbitre, envoya des commissaires en Bretagne. Il fut établi par cette enquête que les seigneurs jouissaient de droits considérables, trop considérables même, et que le pouvoir des ducs avait beaucoup à compter avec les privilèges de l’aristocratie féodale[2].

  1. Cartulaire de Saint-Aubin-des-Bois, 141. — Archives des Côtes-du-Nord.
  2. Dom Morice, Preuves, i, 885, et dom Lobineau, ii, 383. — Parmi les droits souverains et vraiment exorbitants que réclamaient les seigneurs, on peut citer le droit de lagan ou de bris sur les rivages de la mer : « Dicunt quod solent habere fracturam navium in terris suis. » La religion et l’humanité ont eu bien de la peine à régler cette coutume, puis à la supprimer.