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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/59

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parti de celui-ci, pendant la captivité que lui firent subir, au Château de Chantoceaux, les Penthièvre, poussés à la révolte par leur mère, la vindicative Marguerite de Clisson. L’attentat de Chantoceaux se termina par la délivrance du duc et la confiscation des biens des Penthièvre (1420).

Le duc ayant fait vœu, pendant sa captivité, d’aller en pèlerinage à Jérusalem, dans les trois mois de sa délivrance, l’évêque de Saint-Brieuc fut envoyé en cour de Rome « pour le fait du relaschement de nos dits voulz (voeux) » et reçut, à cette occasion, cent écus d’or. Il fut décidé « qu’un homme notable et suffisant » irait, à la place du duc, offrir au Saint-Sépulcre cent florins d’or et qu’il aurait cent écus d’or pour ses frais[1].

En même temps, les représailles continuaient contre les Penthièvre. Un de leurs plus actifs partisans, Morice de Ploesquellec, fut enfermé dans la tour de Cesson. Malgré les ordres du duc, il avait suivi les seigneurs de Penthièvre à La Rochelle, puis il avait couru la mer, pillant les navires marchands et commettant toutes sortes de méfaits. La tour de Cesson, avec ses épaisses murailles, ne put retenir le hardi pirate, qu’attirait la mer où il avait fait tant de courses aventureuses. Il s’évada : « Lesquelles prinsons iceluy Morice rompit, à la nonscavance de nos capitaine, portier et autres gardes dudit lieu, s’en est extrait et mis hors sans ce que dempuix on l’ait peu trouver. »[2]. C’est en ces termes pittoresques que le duc exprimait son désappointement, tout en s’accordant la confiscation des biens du fugitif.

Jean V, croyant que les Penthièvre avaient été soutenus dans leur trahison par la cour de France, s’était laissé entraîner dans l’alliance anglaise et bourguignonne, depuis le honteux traité de Troyes ; mais son vaillant et loyal frère, Arthur de Richemont, s’efforçait de relever le parti français en Bretagne et de réconcilier la Bourgogne et la France. Les États furent réunis à Dinan, le dernier jour

  1. Dom Morice, Preuves, t. ii, 1068 et 1430.
  2. Id. t. ii,1141.