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L’épiscopat de Jean de Châteaugiron fut encore marqué par deux faits d’un genre bien différent :

« En 1406, s’esleverent les habitants de la cité de Saint Brieuc des Vaulx à l’encontre des officiers du duc Jean de Bretaigne leur seigneur et rompirent ses mandements, se portants rebelles et desobeissants en plusieurs manières. Mais pour les corriger envoya le Duc contr’eux à main armee le Comte de Richemont, son frere qui nouuellement estoit retourné de France en Bretaigne : lequel Comte de Richemont fist cesser cette commotion, car pour repeller leurs oultraiges, il fist premier pugnir publicquement les inuenteurs et conspirateurs de celle rebellion, qui fut aux aultres exemplaire de non faire semblables emprinses. »[1]. Décidément, au milieu de ces hommes de fer, la vie devenait dure aux pacifiques habitants de Saint-Brieuc !

On comprend, par suite, avec quelle joie évêque et habitants accueillirent, en 1418, l’apôtre de la paix, Vincent Ferrier, dont la réputation de sainteté opérait partout des prodiges. Ce religieux espagnol avait été appelé par le duc Jean V. Après avoir parcouru la plus grande partie de la Bretagne, il venait de Châtelaudren, modestement monté sur un âne. À peine eut-il fait son entrée à Saint-Brieuc qu’on y vit arriver les évêques de Tréguier et de Saint-Malo, la noblesse et les habitants des campagnes. Une immense multitude se pressa, pendant plusieurs jours, dans la cathédrale, pour entendre l’homme de Dieu et ne se sépara de lui qu’avec peine, quand il partit pour Dinan.

Jean de Châteaugiron fut, comme Hugues de Montrelais, chancelier de Bretagne. Il avait fait, en cette qualité, deux voyages à la cour d’Angleterre, au temps du roi Henri IV. Le sauf-conduit, qui lui fut délivré à cette occasion, lui donnait le titre d’évêque de Seint-Biriok. Transféré au siège de Nantes, il fut nommé cardinal.

Alain de La Rue (1419-24) se trouva, comme son prédécesseur, mêlé aux affaires politiques de la Bretagne, en qualité de conseiller du duc Jean V. Il prit avec ardeur le

  1. Histoire de Bretagne, par Le Baud, p. 440.