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portés ; c’est aussi à cette époque qu’on attribue la belle fenêtre du transept du midi et la seconde tour du portail, du même côté. Dans la seconde partie de ce siècle, Jean Prégent y ajouta un vrai chef-d’œuvre. Il fit construire une chapelle, aux colonnes élégantes et hardies, « une des plus belles structures d’architecture qu’on puisse voir dans la province », dit un manuscrit de 1726[1]. Elle fut bâtie, nous l’avons indiqué, sur l’emplacement d’une chapelle dédiée à saint Guillaume, dont elle garda le tombeau, mais elle prit le nom de chapelle du Saint-Sacrement. Jean Prégent voulut y être inhumé, dans une labbe faisant face à l’arcade du transept. Près de cette arcade, une petite porte conduit à un charmant escalier en granit, engagé dans une tourelle qu’on aperçoit du dehors. On arrivait par cet escalier à une salle, dite de la Librairie, et à un passage qui communiquait avec l’évêché.

L’exemple de goût artistique, donné par l’évêque Prégent, contribua beaucoup, comme nous le verrons plus loin, au progrès de l’architecture civile à Saint-Brieuc, au xve siècle et dans le siècle suivant.

Pierre de Laval ne suivit pas ces belles traditions. On ne connait de lui que son aveu de 1472 au duc François II, le plus ancien des aveux du fief épiscopal qui ait été conservé, et le long procès qu’il soutint pour rester évêque commendataire[2] de Saint-Brieuc, même après avoir été nommé archevêque de Reims. Cet usage de la commende ecclésiastique devint l’origine de nombreux abus.

Sous l’épiscopat de Christophe de Penmarch (1478-1505), il se passa de graves événements en Bretagne.

Le duc François II, qui représentait une branche collatérale de la maison de Montfort, avait laissé son favori, le trésorier Pierre Landais, provoquer, par sa conduite honteuse et tyrannique, le mécontentement de la province et la révolte d’une partie de la noblesse. Il s’ensuivit une

  1. Ce manuscrit a été, dit on, rédigé par un secrétaire de l’évêque de La Vieuxville.
  2. Le commendataire jouissait du titre et des revenus d’un bénéfice, sans en exercer les fonctions.