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tion dudit evesque. » Nous verrons ce qu’il advint de toutes ces promesses. Nicolas Langelier ne fut pas longtemps à se reprocher sa faiblesse, quand il vit ses officiers inquiétés en toutes circonstances, non seulement par les juges royaux, mais aussi par les habitants et même par le chapitre.

Les chanoines, il faut l’avouer, étaient de tempérament processif. Quelques-uns d’entre eux, mécontents de plusieurs réformes ecclésiastiques, opérées par Nicolas Langelier, ne craignirent pas de déposer une plainte contre lui. Il s’ensuivit une enquête qui finit à l’honneur de l’évêque, sans enlever au chapitre les privilèges considérables qu’il avait ou prétendait avoir, tant au spirituel qu’au temporel. Cette situation, presque indépendante, ne pouvait qu’augmenter le relâchement qui s’était introduit, depuis le commencement du siècle, dans les mœurs et les habitudes du clergé. Si quelques évêques n’étaient pas engagés dans les ordres, certains chanoines ne l’étaient pas non plus, et ce n’est pas à ceux-là qu’on pouvait demander des exemples de régularité et de piété. Il résulte d’un extrait de délibérations, de la fin du siècle, que le chapitre intervenait quelquefois pour réprimander ou punir, soit un chanoine, soit un clerc du chœur de la cathédrale.

Ces écarts, dont nous avons indiqué les causes, attristaient profondément l’âme de l’excellent évêque. Dans sa sollicitude pour son troupeau tout entier, il se plaignait, en termes peut-être exagérés, de la dépravation des mœurs dans la ville de Saint-Brieuc, et, attribuant cette dépravation au nombre toujours croissant des hôtelleries et des tavernes, il demandait qu’il fût ordonné aux gens du roi de le réduire dans trois semaines pour tout délai[1], ce qui prouve qu’il n’avait déjà plus la haute main sur la police.

Bien que ce tableau ne soit pas précisément flatteur pour les habitants d’alors, ils avaient tout à gagner cependant à voir un réformateur tel que Nicolas Langelier,

  1. Anciens Evêchés de Bretagne, t. i, p. 52.