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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/74

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Brieuc ne renoncèrent pas à une institution qu’ils croyaient utile à leurs intérêts, et ils agirent, à cet effet, sur leur bon évêque, Nicolas Langelier. Celui-ci leur résistait. « Mes amis, disait-il, si je cède à vos sollicitations et que les juges de Goëllo viennent à Saint-Brieuc, vos enfants vont abandonner le commerce pour suivre le barreau, c’est-à-dire qu’ils seront gueux, glorieux et gourmands ». — « Ce qui ne manqua pas d’arriver bientôt, ajoute M. Jouannin dans ses Mémoires inédits, et ce qui fait que les Briochins ont depuis désigné les gens de justice par ces trois lettres g g g, ce qui a fait proverbe dans le pays. »[1].

L’évêque avait donc consenti au rétablissement de la Cour royale dans sa ville épiscopale. Pour triompher de ses scrupules, les habitants avaient reconnu, dans un acte officiel du 2 juillet 1580, que le seigneur évêque avait seul à Saint-Brieuc toute justice, tout droit de police et gouvernement de ladite ville ; que les appels des jugements iraient, comme par le passé, de la Cour épiscopale au Parlement de Bretagne ; que la justice de Goëllo ne serait établie à Saint-Brieuc que par souffrance et tollérance, et qualifiée non de Cour royale de Saint-Brieuc, mais de Cour royale assize à Saint-Brieuc ; que les juges royaux ne pourraient, sous prétexte de leur qualité, se trouver aux assemblées de ville ; enfin qu’aucun établissement, ni exercice de la religion prétendue réformée, n’aurait jamais lieu dans ladite ville, « comme estant ville épiscopale. »[2].

Ces articles, qui font bien connaître quelques-unes des relations établies entre l’évêque et les habitants, semblaient fort rassurants, et le dernier surtout devait satisfaire l’évêque. Un édit royal, du 23 septembre 1580, consacra ce traité et autorisa la translation définitive à Saint-Brieuc de la Cour de Goëllo, qui ne tarda pas à être connue sous le nom de Cour royale de Saint-Brieuc, Cesson et ressort de Goëllo. On avait aussi stipulé que les officiers du roi ne pourraient « entreprendre aucune chose sur la juridic-

  1. Notions historiques, t. ii, p. 310.
  2. Archives du département.