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II. — LA LIGUE À SAINT-BRIEUC.


Nicolas Langelier avait fait preuve d’un grand talent, en enseignant dans sa cathédrale et en portant la parole dans plusieurs grandes assemblées ; aussi fut-il l’un des députés envoyés par les États de Bretagne aux États-généraux de Blois, en 1588. On sait comment ces États finirent par l’assassinat du duc de Guise. C’était le renouvellement de la guerre civile et, cette fois, la Bretagne allait en être profondément atteinte.

Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, avait été nommé, en 1582, gouverneur de Bretagne, à l’âge de vingt-quatre ans. Son mariage avec Marie de Luxembourg, héritière du Penthièvre, récemment érigé en duché, lui avait donné dans la province une situation exceptionnelle. Parent des Guise, beau-frère de Henri III, il semblait, par ses qualités personnelles encore plus que par ses alliances, appelé à jouer un rôle considérable dans l’histoire de son temps. Entraîné dans la Ligue par les princes de sa famille, le duc de Mercœur, après une campagne malheureuse dans le Poitou, avait dû se retirer dans son gouvernement. Ayant pris de nouveau les armes, après l’assassinat du duc de Guise, et gagné à la cause de la Ligue la plupart des villes de Bretagne, il fut destitué, le 18 avril 1589, mais il n’en tint compte et continua d’organiser la résistance.

La mort de Henri III le servit à souhait. Adversaire résolu de Henri IV, il se proposa, en le combattant, suivant les uns, d’enlever la Bretagne à la domination d’un prince hérétique ; suivant les autres, de s’en rendre maître au nom de sa femme, qui avait des prétentions sur le duché, comme héritière des Penthièvre. Ne serait-il pas plus juste de dire qu’il a poursuivi en même temps ce double but ?

Dans les assemblées religieuses et politiques qui furent réunies pour soutenir la Ligue, l’évêque de Saint-Brieuc