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déploya, un grand zèle et une haute capacité. Il devint bientôt l’un des plus actifs conseillers de Mercœur et se prononça ouvertement pour lui avec son clergé, tandis que les magistrats de la Cour royale et les bourgeois influents étaient favorables aux royalistes. Quant à la masse de la population, que les auteurs des Anciens Evêchés ont fait se déclarer pour la Ligue, nous croyons qu’elle n’a pas eu le temps de se former une opinion, car elle a été constamment et tour-à-tour opprimée par les deux partis.

Avant de raconter les hostilités, il importe de se rappeler la situation de Saint-Brieuc. Ville ouverte, elle se trouvait entre les places fortes de Dinan, Lamballe, Moncontour et Guingamp, qui devaient attirer l’armée du roi, et que Mercœur avait doublement intérêt à défendre, puisque les trois dernières faisaient partie de l’héritage de sa femme. Saint-Brieuc allait encore souffrir du séjour des Anglais sur la côte et du voisinage de la tour de Cesson.

Cette forteresse n’a guère figuré jusqu’à présent dans notre récit, parce qu’elle n’appartenait pas au fief épiscopal. Nous en avons trouvé le nom, pour la première fois, dans une charte du xiie siècle[1], et nous pouvons en résumer l’histoire en quelques mots.

Le donjon actuel, seul reste d’une enceinte plus considérable, a été bâti sur l’emplacement d’un castrum romain. Bien qu’on ne puisse préciser, dans l’état actuel, la date de la construction, il semble rappeler, par ses principales dispositions, un château-fort du xie ou du xiie siècle, avec des additions du xiiie et du xive ; aussi Ruffelet l’a-t-il attribué tout entier à la fin de ce dernier siècle, parce qu’il a vu sur une pierre les armes de Bretagne et de Navarre en alliance, c’est-à-dire un souvenir de Jean IV et de sa troisième femme, Jeanne de Navarre.

Si l’origine de la tour de Cesson est obscure, son histoire ne l’est pas moins, pendant les guerres du xive et du xve siècle, puisque quelques auteurs l’ont confondue, à

  1. Voir la 2e note de la page 24.