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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/83

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regretter l’armée régulière, et cependant, après le départ de cette armée, elle souffrit encore davantage, car elle fut exploitée à la fois par ceux qui étaient chargés de la défendre et par des bandes de mercenaires de tout pays.

Ces violences n’étaient pas seulement le fait des simples soldats : un gentilhomme, le capitaine Du Liscoët, qui commandait à Quintin, se rendit coupable de pillage et de perfidie dans son propre parti. « Les habitans de Saint-Brieuc, dit dom Morice, tenoient le parti du Roi. Cependant M. Du Liscoët, scachant qu’ils avoient mis de bons effets dans la tour de Cesson, demanda à y entrer, sous prétexte de s’y reposer d’une action qu’il venoit d’avoir contre quelques ligueurs. Y ayant esté receu, il fit ouvrir successivement la porte à quelques autres et se rendit ainsi maistre de la tour par mauvaise foi. On en fit des plaintes au prince de Dombes.... »

Il ne fut pas facile de se débarrasser de Du Liscoët. Il fallut auparavant payer, 6 livres, le déjeuner donné au commandeur de Carentoir, que le prince de Dombes avait envoyé « pour les afaires d’entre le dict sieur Du Liscoët et le cappitaine Chasteau, touchant la tour de Cesson » ; payer encore pour aller à Quintin faire des excuses au sieur Du Liscoët, « touchant l’entreprise faicte a la dicte tour de Cesson lorsque Du Hirant fut bleczé. »

1592. — L’installation de Du Liscoët avait eu lieu à la fin de 1591 et, le 21 mars 1592 seulement, le prince de Dombes adressait, de Rennes, un mandement au commandeur de Carentoir, pour se transporter à la tour de Cesson : « sur ce que le sieur Du Liscoët nous auroit fait entendre estre prest, suivant les reiterez commandemens que lui aurions faits, de nous remettre la tour de Cesson entre mains... » Il lui ordonnait en conséquence de s’en emparer, de la conserver avec tel nombre de gens de guerre qu’il lui conviendrait de choisir, et de dresser un bon et loyal inventaire des armes, munitions et autres choses qui s’y trouveraient[1].

  1. Dom Morice, Preuves, t. iii, 1542.