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Une branche de l’illustre famille des Budes s’établit, au commencement du xvie siècle, au Tertre-Jouan, on Ploufragan. À cette branche appartenait François Budes, sénéchal des Regaires, député de la noblesse de Saint-Brieuc pour la réformation de la coutume de Bretagne, en 1580[1]. Les Budes du Hirel eurent aussi des intérêts dans le territoire de Saint-Brieuc, par le mariage de l’un d’eux, Jacques, procureur-général au Parlement de Bretagne, avec une descendante des Couvran. L’un de ses fils, Charles Budes, également procureur-général et zélé royaliste pendant la Ligue, a été le père du maréchal de Guébriant.

Sur les confins de la noblesse et de la bourgeoisie, nous trouvons, à la même époque, un parvenu du parti royaliste, François James, sieur de La Ville-Carre, qui s’intitulait grand-prévôt de Bretagne, capitaine et gouverneur des villes et places de Ploërmel et de Saint-Brieuc. C’est sans doute à cause de toutes ces qualités qu’il assista le sénéchal Ruffelet lors de la démolition de la tour de Cesson, en 1598. François James habitait, à Saint-Brieuc, le manoir de la Grande-Grenouillère et se disait issu des Couvran par sa mère ; mais il est probable qu’il en était de son titre de capitane de Saint-Brieuc comme de sa noblesse, que ses descendants perdirent à la réformation de 1669[2].

  1. La Bretagne était un pays de droit coutumier, dont les institutions et les usages ont été rédigés aux époques suivantes : la Très-Ancienne Coutume, vers 1330, d’après la plupart des juristes ; l’Ancienne Coutume, en 1539 ; la Nouvelle Coutume, ou simplement la Coutume, en 1580.
    Cette dernière fit triompher définitivement le principe féodal sur le droit celtique dans le partage des successions des nobles. Dans la noblesse de second rang, la seule qui fût alors connue à Saint-Brieuc, on reconnut à l’aîné plusieurs privilèges, notamment la réserve des deux tiers, mais seulement dans le partage des biens nobles possédés par des nobles. Quant aux biens roturiers appartenant à un noble, ils étaient partagés également. Les nobles ayant dérogé par le commerce étaient considérés comme des roturiers, du moins pendant le temps du trafic. Les descendants d’un anobli ne commençaient à partager noblement qu’à partir des petits-enfants. (Voir notre étude sur L’Esprit du droit breton en matière de succession, dans les Mémoires de la Société d’Emulation, de 1868).
  2. François James mourut en 1610. Sa veuve, Louise Le Carme, lui fit élever dans la chapelle des Cordeliers un tombeau en marbre, sur lequel elle fit graver tous les titres de son mari et ces mots : « l’amour des bons et l’honheur de sa patrie. » Charles Budes ayant prétendu que les James entreprenaient sur les droits des Budes dans la chapelle, il s’ensuivit un procès qui dura un siècle. Ce procès, peu important quant au fond, fournit d’intéressants détails sur les Budes, les James et les Cordeliers. (Voir une Notice sur les Cordeliers, par M. Du Cleuziou, dans le tome iii des Mémoires de la Société archéologique).