J’étais de famille royaliste ; j’avais servi dans les gardes du roi ; j’avais accompagné à cheval le duc de Berri, père du duc de Bordeaux, jusqu’à la frontière de France, quand il en sortit pour un second exil. L’assassinat de ce prince, quelques années après, m’avait profondément remué. Le désespoir de sa jeune veuve, qui portait dans son sein le gage de son amour, avait attendri toute l’Europe. La naissance de cet enfant parut une vengeance du ciel contre l’assassin, une bénédiction miraculeuse du sang des Bourbons. J’étais loin de la France quand j’appris cet événement : il inspira ma jeune imagination autant que mon cœur. J’écrivis sous cette inspiration. Ces vers, je ne les envoyai point à la cour de France, qui ne me connaissait pas ; je les adressai à mon père et à ma mère, qui se réjouirent de voir leurs propres sentiments chantés par leur fils. J’ai été, comme la France entière de cette époque, mauvais prophète des destinées de cet enfant. Je n’ai jamais rougi des vœux très-désintéressés que je fis alors sur ce berceau. Je ne les ai jamais démentis par un acte ingrat ou par une parole dédaigneuse sur