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MÉDITATIONS
COMMENTAIRE


DE LA DIX-NEUVIÈME MÉDITATION




J’ai toujours pensé que la poésie était surtout la langue des prières, la langue parlée et la révélation de la langue intérieure. Quand l’homme parle au suprême Interlocuteur, il doit nécessairement employer la forme la plus complète et la plus parfaite de ce langage que Dieu a mis en lui. Cette forme relativement parfaite et complète, c’est évidemment la forme poétique. Le vers réunit toutes les conditions de ce qu’on appelle la parole, c’est-à-dire le son, la couleur, l’image, le rhythme, l’harmonie, l’idée, le sentiment, l’enthousiasme : la parole ne mérite véritablement le nom de Verbe ou de Logos, que quand elle réunit toutes ces qualités. Depuis les temps les plus reculés les hommes l’ont senti par instinct ; et tous les cultes ont eu pour langue la poésie, pour premier prophète ou pour premier pontife les poëtes.

J’écrivis cet hymne de l’adoration rationnelle en me promenant sur une des montagnes qui dominent la gracieuse ville de Chambéry, non loin des Charmettes, ce berceau de la sensibilité et du génie de J.-J. Rousseau.